Comment êtes-vous venu au tout-terrain ?
Je suis venu au T. T. parce que chez nous beaucoup de gens vont à
la chasse, et j'avais un ami, à côté de chez moi, qui avait
monté une VW en bugster Strakit pour aller à la chasse. J'ai acheté
une Coccinelle, je l'ai plantée et je l'ai modifiée. N'étant
pas conforme aux règles, j'ai attaqué le T.T. pour rouler avec,
ensuite j'ai construit deux buggies et je suis allé chez Punch.
Combien de victoires depuis les débuts?
Entre 25 et 30 en tout-terrain, chaque fois que j'ai fait le championnat,
je l'ai dominé et les gens sont un peu dégoûtés.
Il faut préciser qu'avec Jean-Marc, mon copilote, on travaille tous les
deux sur le buggy et nous y passons vraiment beaucoup de temps : tout est revu
et corrigé à chaque course. Le buggy, de la première à
la dernière course, est complètement modifié, on renforce
et on fait tout ce qu'il faut pour qu'il gagne.
Quelles sont vos qualités de pilote ?
Le calme, la rapidité et la précision... je crois!
Pourquoi êtes-vous si rapide?
Ce n'est pas un don! Mais j'aime tellement aller vite, être en
équilibre, il n'y a que quand je glisse que je suis bien, à 20
km/h comme à 200 !
Et les qualités de votre copilote?
C'est d'avoir confiance en moi et d'être un bon mécano.
Deux roues motrices ou buggy 4 x 4?
Je reste fidèle aux deux motrices, parce que tant que les 4 x
4 n'auront pas une répartition de motricité A V/AR, les deux roues
motrices seront toujours devant, la preuve! Ou alors, vraiment sur un terrain
gras, et question plaisir, c'est vraiment incomparable. Mais j'y viendrais sans
problème lorsque l'on pourra règler cette répartition...
Comment voyez-vous la voiture de T. T. idéale
de demain ?
Proche de la 205 T 16, adaptée au T.T. avec un moteur Porsche
en plus costaud et surtout, bien moins chère. Ce serait une bonne chose
que les « groupe B » viennent sur les rallyes T.T. on a des chances
de se faire « taper», mais ne rêvons pas trop!
Que pensez-vous du niveau dans le championnat T. T. ?
Maintenant, on voit des voitures de course, ce n'est plus comme en 82,
quand il y a 1 60 autos aux « Plaines et Vallées», il y a
de belles voitures qui devraient amener des sponsors, dans une discipline plutôt
spectaculaire pour le public. Au niveau de mes concurrents, il y en a beaucoup
de sérieux, mais il y en a aussi beaucoup qui ne sont, soit que préparateurs,
soit bons pilotes, ou qui ont de bonnes autos, mais il leur manque un petit
quelque chose. Lainé, par exemple, cette année, conduisait pratiquement
à vue. Avec des notes, il pourrait être devant. ' Mes favoris sur
terrain roulant : Fimbel (qui se calme un peu), Lainé (en utilisant vraiment
son copilote) et bien sûr, Rovaldieri, Rivet, Favrot (et j'en oublie sûrement).
Ce sont des gens qui sont vraiment très rapides.
Est-ce bien raisonnable de prendre plus de 200 km/h chrono
dans les chemins très étroits ?
Au niveau de l'organisation, ce n'est pas bien raisonnable, si on a une
ligne droite qui fait 2 ou 3 km, mais avoir des enfilades à 180 km/h
où l'on peut se freiner en glissant, c'est bien et ça veut dire
que la « route» est bonne.
A combien estimez-vous le coût de la saison?
J'ai fait les totaux pour mes sponsors, avec l'achat du buggy et tous
les frais compris, j'arrive à 375 000 F (pour 11 manches du championnat).
Revente, sponsors et primes d'arrivée, on est à près de
100 000 F de notre poche. (A noter: une boite cassée au « Labourd
», coût 25 000 F.
Les sponsors en T.T., ce n'est pas encore « ça
» ?
Je n'ai pas encore contacté tout le monde, mais les retombées
médiatiques et notamment à la TV sont importantes, et lorsque
l'on connait le coût de la secondes de passage à la télé,
on comprend mieux que le sponsor en ait plus pour son argent. -
Les primes en T.T. ?
Je vais être franc, je connais un ancien champion d'Europe de side-car
cross qui est payé pour prendre le départ, payé pour faire
la moitié de la course, il a des primes d'arrivée... Il est sûr
de rembourser ses frais, même si il casse. Nous, en tout-terrain, nous
faisons des spéciales style Coupe de la Ville, payantes pour les spectateurs,
on attire du monde mais les primes d'arrivée (vraiment dérisoires)
ne sont pas en fonction du coût d'une épreuve pour un pilote. On
est pressé comme des citrons, on paye nos engagements, et l'on nous fait
souvent faire des spéciales « casse autos» pour les beaux
yeux des organisateurs, les 1 a premiers devraient courir pour quelque chose...
Comment voyez-vous l'avenir du T.T. ?
Je pense qu'il va falloir dissocier le T.T. et le trial, en faisant deux
championnats, celui de la montagne (Cîmes, ...) proche du trial chronométré
et le T. T. rapide avec des épreuves comme « Dunes et Marais»,
le « Mantois », le « Jean de la Fontaine », épreuves
de vitesse sur terre (comme les rallyes sur terre où l'on a été
éloigné, parce que l'on gagnait tout). On a vraiment des F 1 de
la terre : boite F 1 , près de 300 ch pour 600 à 800 kg. Et bien
sûr, trouver des sponsors et nous faire connaître à la presse
avec des autos qui ressemblent à quelque chose.
Qu'avez-vous à répondre quand Pachiaudi
déclare dans la presse reglonale que les pilotes de plaine sont des «
charlots » ?
Simplement que la course auto, c'est celui qui va le plus vite en vitesse
et non pas dans les « escaliers » !
Honnêtement, une victoire aux Cimes ne manque pas
dans votre palmarès ?
Sincèrement, si ! J'ai fini deux fois second. La première
année en 1 981, j'ai fini 2" sans savoir ce qui m'arrivait. La seconde
année, j'ai attaqué comme un fou, j'aurais mérité
la victoire mais dans une spéciale de 3 km, dans le brouillard, j'ai
dû en faire 6, je ne savais plus où j'étais, je suivais
les traces, j'ai passé la ligne d'arrivée en prenant 45",
et j'ai fini 2" à 39", ça m'a fait mal au coeur parce
que sans reconnaissances, on avait attaqué du début à la
fin. On a chaîné, déchaîné, je pense que je
l'avais mérité.
Cette année, je ne l'ai pas fait, j'avais le choix : soit casser la boîte
comme au « Labourd », avoir 2 5 000 F de réparation et laisser
tomber le titre, j'ai préféré le titre, je l'ai eu, tant
pis pour les Cîmes.
Mais il n'est pas dit qu'un jour je n'y retournerai pas pour gagner, je prendrai
alors huit jours pour le reconnaître.
Que pensez-vous de l'organisation des rallyes T.T. ?
Par exemple, à « Dunes et Marais », on nous demande,
après la course, ce que l'on pense du tracé. C'est fantastique,
parce qu'ils en tiennent compte. Mais dans certains rallyes, il y a des spéciales
tracées par un conducteur de travaux publics qui ne connaît rien
aux rallyes, on ne fait plus de rallyes T.T. mais des montagnes russes. Intéressant,
non?
Sans parler des prologues, ou spéciales style « cascades show»,
pour cela, ils n'ont qu'à faire appel à de vrais cascadeurs avec
des voitures à détruire, ce genre de spectacle n'intéresse
pas les sponsors.
Les meilleures organisations ?
Le « Jean de la Fontaine », on avait les temps tout de suite,
un beau tracé et des reconnaissances avant l'épreuve. Tout le
monde pouvait avoir les temps sur des feuilles, et chaque abandon ou casse était
noté.
Les pires?
Trop, pour ne pas les citer, je dirai qu'il ne faut pas incriminer les
organisateurs, car ce qu'ils font, tout le monde ne le ferait pas, c'est seulement
une faille, due à une personne : commissaire, directeur de course, ou
autre...
Il faudrait peut-être un peu plus de sérieux, et surtout demander
l'avis des pilotes, mais je le répète, il faut beaucoup de courage
et de volonté pour organiser une épreuve.
L'ambiance des rallyes T.T. et entre les pilotes est-elle
bonne ?
Très bonne et j'ai de bons rapports avec les autres pilotes. Si
c'était pareil dans toutes les disciplines de la compétition auto,
ce serait bien!
Et le Dakar?
Je le ferais bien, avec de bonnes reconnaissances, et surtout une bonne
structure pour essayer de lutter avec les « usines », si c'est pour
le faire en amateur, dormir dehors, alors que les pros ont des camions pour
se reposer, non! De plus, la responsabilité de deux entreprises et d'une
vingtaine de personnes ne permet pas de s'absenter facilement trois semaines.
Gilles Nantet (copilote: Jean-Marc Delean)
- 30 ans fin janvier, gérant de société de bois et scierie.
- Marié, 2 enfants (2 garçons de 2 et 5 ans).
- Début et palmarès :
· 1976: rallyes régionaux;
· 1979: rallyes T.T. (5· au championnat de France) ;
· 1980 : rallyes T. T. (3· au championnat de France) ;
· 1981/82: Champion de France;
· 1983 : .rallye sur goudron (R5 Turbo 185 ch), gagne le Jura;
· 1984: rallye sur goudron (R5 Turbo 230 ch), bons résultats avec
peu de moyens;
· 1985 : revient au T.T., gagne le Rumilly et le Mantois et décide
de faire une saison complète en 86 ;
· 1986 : Champion de France, 1·' au Jean de la Fontaine, aux Chemins
Creux, au Chalosse, au Rumilly et au Mantois.
Quel est votre rêve ?
C'est comme beaucoup de pilotes, être pilote d'usine, sur ma surface
de prédilection : la terre, et faire ça toute l'année.
Nous, on ne s'entraîne pas, on ne reconnaît pas et on ne roule pas
avec nos autos en dehors des courses, pourtant, on « avance» quand
même. .
Que pensez-vous de la présence de 4 x 4 traditionnels
dans les championnats,vous, un pilote de buggy ?
C'est très bien, faire un « Mantois» et des temps,
c'est bien et de plus, ce ne sont pas les plus ridicules.
Vos projets 87 ?
Je serai chez Strakit avec Fimbel, l'objectif: les Baja, quelques 6 Heures
et semer le trouble dans le championnat T.T. et, si j'ai à choisir, comme
cette année, entre Cognac et une épreuve de championnat, en 87,
j'irai à Cognac. Mon auto est un Strakit deux roues motrices, moteur
Porsche, boîte Hewland 6 rapports et 270 ch.
Qui voyez-vous comme champion 87 ?
Un Strakit blanc...
Caractéristiques du buggy
· Châssis tubulaire avec moteur en porte-à-faux arrière.
· Direction à crémaillère. Un tour de volant de
butée à butée.
· Boite de vitesses Hewland à 6 rapports, autobloquant à
disques.
· Moteur Porsche 3 litres et 240 ch.
· Freins à disques sur les quatre roues avec répartiteur.
· 860 kg.
· Vitesse de pointe: 200 km/ho