Jean de la Fontaine 1992
Texte et photos Robert Ollivier, M. Mazuir, Yvonick Jambon

LE RETOUR DE FIMBEL

Première course de la saison et première victoire pour Fimbel. Un retour en fanfare favorisé,
il est vrai, par l'abandon du pilote le plus rapide du moment : Patrick Calzavara. Le champion en titre vient d'afficher ses nouvelles prétentions pour 92.

 

Repris en main par une nouvelle équipe, le rallye Jean de la Fontaine a une fois de plus démontré la qualité de son organisation.
Le seul reproche adressé à cette épreuve concernait la configuration du tracé, trop roulant et monotone (seulement trois EC différentes en 91).

Cette année, du côté de Château-Thierry, on a revu les choses:
six spéciales distinctes et un parcours plus tout-terrain, notamment le dimanche. Précisons tout de même que les pluies diluviennes,
qui se sont abattues sur la région quelques jours auparavant, ont transformé les chemins en véritables « chantiers ».

Suspense.. .

Calzavara, fort de sa victoire au Haut Bugey, remportait six des neuf spéciales du samedi, ne laissant qu'un chrono à Poincelet, Estienney et Fimbel.
Ce dernier, à court de compétition, devait attendre un tour complet avant de se remettre l'auto en main.
Mais dès la spéciale n° 5, le Parisien signait un troisième temps, trois seconds temps et un scratch. Turon-Barrère sera victime de trois crevaisons
et connaîtra deux sorties qui le relègueront le soir à la quatrième place, à 1'04" du leader, Calza, et
à 20" du second, Fimbel.
Estienney, régulier et toujours performant sur ses terres, plaçait son surpuissant PRV 3,5 litres 24 soupapes de 315 ch à la troisième place, à seulement 4" de Fimbel.

Poincelet, à une spéciale de la fin de la première étape, naviguait en quatrième position, à quelques secondes de ses prédécesseurs.
Une crevaison dans le dernier chrono l'obligera à finir la spéciale sur trois roues, il détruira son demi train avant et échouait à la sixième place
, juste derrière un autre local, Girardin. Poincelet serait-il maudit chez lui? Iribaren qui disputait pour la 1ère fois un rallye roulant s'en tirait fort bien,
même si un flexible de frein coupé lui causait des soucis.
En classe 2 litres, Varangle prenait le meilleur sur son habituel rival Herbert.

Le dimanche, c'est un Poincelet survolté qui remportait la première spéciale devant Girardin et Fimbel. Calza et Estienney
(victime d'une pédale d'embrayage récalcitrante) marquaient le pas. Mais le Bordelais ripostait dans les deux suivantes qu'il enlevait. Turon et Fimbel en faisaient ensuite autant.
Le buggy Passion Graphie était revenu à 24" du leader à l'issue de la première boucle, un écart qui .,n'évoluera pas jusqu'à l'abandon de Calza (boîtier électronique défaillant ?).
Fimbel, pensant que son concurrent direct, Turon, se trouvait relativement loin derrière, leva le pied. Erreur, car le Palois en profitait pour revenir à 4"
juste avant la dernière
boucle: chaud! Fimbel dut repartir le couteau entre les dents: dans la première EC de cet ultime tour, où Turon lui avait déjà pris 10",
Fimbel lui en reprenait une, puis sept dans la suivante et six dans la dernière. Un choix de pneus judicieux pour le terrain sec aida le pilote à réaliser ce forcing.
Turon finissait deuxième à 18". Girardin, très régulier, s'adjugeait la troisième place devant Iribaren, dont c'était la première apparition ici.
Estienney, cinquième, devançait Varangle qui remportait la classe 2 litres devant Herbert huitième. A noter l'honorable performance de Lamic et de " papy "Lapert,
de retour en TT sur le Pachiaudi de Lovigny, tous les deux pointés dans les dix.

 

C'est en Tl que la bataille était la plus vive. On attendait Bernad: il restait très en retrait de ses adversaires.
Il faut dire qu'il passait sur les spéciales bien avant ses adversaires directs, en raison de son ordre de départ: en effet le déroulement du prologue
fut perturbé par la présence sur la piste d'une voiture de l'organisation qui n'avait pas encore eu le temps de sortir de la spéciale avant que les premiers concurrents ne soient lancés.
D'où Uil terrain moins asséché pour Bernad. Le pilote quant à lui, expliquait son relatif manque de performance par une petite forme tout simplement.
Toujours est-il que pas moins de sept pilotes se sont partagés les victoires de spéciales. Le premier jour, sur un terrain piégeux à souhàit,
les Pajero d'Esbrat et de Lhotellerie, aidés par le Range de Bossard, rouleront un train d'enfer. Blancart et son Vitara peinaient sur un tracé aussi rapide.
De plus, le joint de culasse donnait des signes de faiblesse. Esbrat et Lhotellerie s'expliquaient vivement pour la suprématie entre Pajero,
ce qui nous donnait tout d'abord Esbrat en tête. Puis il était victime d'un tout-droit et prenait 30" de pénalité,
perdant la tête du groupe au profit de Nicolas Bossart de plus en plus en confiance au volant du Range.
Il mettait tout le monde d'accord en finissant l'étape en tête devant Lhotellerie et Esbrat . Bernad, peu à l'aise sur le gras avec des rotules de direction affaiblies,
se retrouvait quatrième à 1'27", et ce malgré sa remontée en fin de journée.


Jérôme Hardy ne faisait pas le détail en T2, enlevant une nouvelle victoire nette et sans bavure. Raoul Raymondis semblait se faire une raison,
d'autant qu'il fut victime de plusieurs blocages. «j'en ai vu d'autres dans ma carrière» déclarait-il, «cela ne va pas me faire perdre le sourire!».
Ce qui était vrai. La troisième place reviendra au Lada de Zielinski, placé juste devant la Vitara à moteur de Swift d'Houy.


Comme la veille, l'intérêt venait de la lutte en Tl . Cette fois, Bernad était en forme. Et quelle forme. Un sans faute qui lui faisait faire une fantastique remontée.
Et pendant que Bernad accumulait les meilleurs temps de groupe, ses adversaires se dispersaient.
C'est tout d'abord Esbrat, qui voulant se rattraper de sa pénalité de la veille, sortait la grosse attaque avant de sortir tout court !
après une série de tonneaux. Out!
Puis c'est Nicolas Bossart qui allait au trou. Optimisme? Pression de la première place? Le beau Range bloquait la spéciale un long moment,
repartait mais le temps perdu était trop important. Lhotellerie gardait son calme tout en maintenant une cadence élevée qui lui permettait de contenir
les assauts ce Bernad jusqu'au milieu du troisième tour où le pilote Cherokee prenait l'avantage, et le conservait j'usqu'à l'arrivée
malgré une petite perte de temps en fin de course, bien exploitée par lhotellerie, mais les jeux étaient faits.
Blancart après avoir limité les dégâts le samedi se rappelait à notre souvenir le dimanche pourfinir 3ème du groupe. Belle performance pour son auto juste en puissance.
Ah ces descentes! N'oublions pas la belle régularité de Grouselle et la superbe fin de course de lemeille sur l'UMM. De plus en plus intéressant ce groupe Tl.

 


Turon Barrere en tête du championnat de France

Le point au championnat 1. Turon·Barrère 53 points· 2. Calzavara 52 pts.· 3. Girardin 48 pts.- 4. Capin 47 pts.- 5. Hardy 33 pts.· 6. Zielinski 32 pts.· 7 ex. Bernad et Iribaren 2S pts.· S ex. Blancart et Fim· ~el 26 pIs.. etc.