Haut Bugey 1992
Texte et photos Robert Ollivier, Yvonick Jambon


 

54 partants c'est peu. Décidément, cette saison les plateaux sont plutôt maigres, ce qui était tout de même prévisible.
Ne pourrait-on pas faire quelque chose paur attirer les buggies deux roues motrices qui complétaient habituellement les listes de partants?
Combien de temps les organisateurs pourront tenir ?
Notons cependant une Ia participation de qualité, et les forfaits de Fimbel (pas prêt!J, d'Ardurats et Burgana à l'Atlas!,
de Philippe (qui boude) et de Briavoine à qui l'on souhaite ardemment un volant.


Le Rallye TT du Haut-Bugey a soufflé ses vingt bougies. Et comme pour mieux fêter l'événement,
le déroulement de la course a donné lieu à de multiples rebondissements, et des luttes acharnées dans toutes les catégories.
Ponctuée par de nombreuses crevaisons (l'un des premiers gagnants de l'épreuve est un manufacturier de pneumatiques bien connu!),
la course fut remportée par Calzavara, qui signe sa seconde victoire consécutive.

Nous sommes à l'arrivée de l'ultime épreuve spéciale du Rallye. Celle qui ponctue les derniers efforts, les dernières satisfactions,
mais aussi les dernières déceptions. le point stop est installé à quelques mètres d'un petit monument erigé à la mémoire des hommes qui ont,
ici même il y a près de cinquante ans, sacrifié leur vie pour notre liberté.
En ce week-end au 8 mai, la lutte sportive rejoint le souvenir de la lutte pour la vie. les commissaires ont dressé un grand tableau pour inscrire les temps réalisés.
le départ de la spéciale a été donné il y a plusieurs minutes, et le premier concurrent ne devrait pas tarder à franchir la ligne, une centaine de mètres plus haut.
Le bruit des moteurs enfle et décroît selon la disposition du terrain. Mais bientôt le son est de plus en plus proche, et la première auto en termine avec le rallye.
C'est Michel Turon-Barrère.


Parti en tête ce matin avec cinq secondes d'avance sur Calzavara à l'issue de la première étape,
sait
logiquement qu'il est le premierà en finir avec ce rallye beau et difficile.
Mais Turon-Barrere n'a pas gagné.

 


Ce matin pourtant il avait accentué son avance sur son rival, profitant d'une crevaison qui avait retardé Calzavara.
Mais par la suite, ce fut à son tour de connaître la même mésaventure, et en plus au tout début de la longue spéciale. Bilan:
1 minute et demi de perdue, et la première place qui s'envole. Turon ne sait même pqsencore qu'il finit le rallye en seconde position.
Il se croit beàucoup plus loin. D'autant qu'il vient encore de crever, avant gauche et arrière droit.
Pas de détail! En revanche, le samedi s'était bien passé pour Iuij très régulier dans sa lutte avec Calzavara.

Justement le voilà qui déboule. Point stop. Visage radieux. Et deux victoires, deux, après celle acquise au labourd.


Pourtant tout à l'heure, au regroupement de Thézilieu, c'était plutôt la soupe à la grimace.
Mais les crevaisons qui l'avaient affectées depuis la veille, sans compter un contact avec un arbre, avaient frappé encore
plus fort son plus rude adversaire.
Une belle lutte, puisgue nos deux hommes ne laissèrent échaper que trois temps scratch durant tout le rallye: pour Herbert,
Capin et Girardin, qui arrive maintenant.

La victoire pourrait bientôt lui sourire à celui-là. Depuis le début de la saison il accumule les bonnes perfs.
Cette année il a délaissé l'organisation du rallye Jean de la Fontaine pour se consacrer au pilotage, et celà lui réussit. Un serieux client pour le championnat.
Un trou. Normalement le buggy orange de Poincelet aurait du appgraître, au bruit sourd du 3 litres Alfa qui l'anime.
Mais c'est Capin qui s'immobilise au contrôle. Il a l'air furieux.
Explication : il s'est retrouvé bloqué derrière Poincelet en difficulté, et vient de perdre la seconde place du général, que sa régularité lui avait fait prendre.

N'oublions pas que son moteur est un peu «juste» en puissance. Accessoirement il a aussi perdu le leadership au championnat, au profit de Calzavara.
Arrive Lamic, le «patron» du Team leClerc, lui aussi est en gros progrès. Mais depuis ce matin il a perdu deux places,
victime de la lutte d'enfer que se livrent Herbert et Varangle pour la classe deux litres. Varangle qui vient de faire «péter un temps' canon,
le second meilleur temps de la spéciale. Mais ce dernier effort sera insuffisant pour coiffer Herbert sur le poteau.
Entretemps est arrivé Poincelet, péniblement, les deux roues côté gauche déchiquetées. le pilote s'immobilise, sans un mot, crucifié.
Il faut dire qu'il commençait sérieusement à y croire, après tous les ennuis qui l'accablèrent lors des précédents rallyes.
Mais bien qu'il ait perdu trois places dans cette dernière spéciale, il voit enfin une ligne d'arrivée classé au 7ème rang.

Celle que vient de franchir Sauzede, très incisif avec son buggy deux roues motrices.



Comme quoi... le premier 4x4 est en vue.

 

Piloté par Hardy, qui a eu raison pour cette première place officieuse des attaques d'Alessandria, très brillant au volant de son proto lada.

Jusqu'à la faute dans le premier passage de Vaux, et l'abandon qui s'ensuivit dans la spéciale suivante (fuite d'huile).
N'oublions surtout pas que Jérôme Hardy empoche la victoire en T2.
En début de course Raoul Raymondis (Discovery) fit jeu égal avec le Pajero.
Mais une sortie de route mit fin à la prestation, laissant Hardy bien seul dans le groupe. Zielinski, vainqueur au labourd,
devait perdre du temps en raison d'un début d'incendie puis à cause d'amortisseurs inadaptés.

Estienney faisait sa rentrée ici, avec un «petit· moteur de série, ayant revendu le moteur de course durant l'intersaison.
Affecté de problèmes de pont avant (autobloquant. ayant perdu beaucoup de temps le samedi par la faute au boîtier électronique, il se faisait plaisir en fin de rallye,
mais il était temps que cela finisse, franchissant l'arrivée avec le témoin de pression d'huile au rouge.

Du plaisir Cosson réussit aussi à en prendre sur la fin de ce qui aura été une longue séance de roulage
: la mise au point de la suspension de son nouveau Gembo est longue et délicate.

Mais le plus heureux des hommes à franchir cette dernière ligne d'arrivée est sans conteste Alain Blancart, au volant de son petit Vitara.
Il vient tout simplement avec cette petite auto de remporter la catégorie TI.
Très accrocheur depuis le début du rallye il avait réussi à ne pas trop «s'en faire mettre>> par Bernad et son Cherokee.
Ce matin celui-ci se croyait assuré de la victoire. Mais une rupture de la boîte de transfert ruinait ses espoirs.
Blancart à l'affût s'emparait de la 1 ère place, après avoir failli tout perdre dans un tonneau. Dans l'aventure Lhotellerie revenait très fort sur lui,
pourchassé lui-même par l'autre Pajero de Esbrat. Mais Blancart reprenait un peu ses distances, jusqu'à 17 secondes à l'arrivée.
Voilà un sérieux réconfort pour le pilote de la Vitara, lui qui n'avait même pas pu prendre le départ du labourd!, ayant perdu famille et matériel en panne sur la route.



Lhotellerie et Esbrat se livrèrent une belle lutte, ce dernier voulant en appeler d'un temps forfaitaire écopé le samedi.
Mais la sagesse leur fit calmer le jeu avant la dernière spéciale, l,es écarts étant faits.
Nicolas Bossart ne put exploiter tout le potentiel de son magnifique Range sur un terrain qui ne Te favorisait pas par son étroitesse en certains passages.
Maggi , avait dû renoncer, après un contact violent arrachant le train arrière.

Mais il était dit que ce rallye nous réserverait des émotions dans toutes les catégories.
Depuis le début du rallye, les deux pilotes des UMM du Top Racing, Verrier et lemeille, se livrent une belle bourre,
réussissant à plusieurs reprises à être dans les mêmes temps; pour finir exaequo à la fin de la première étape.
la lutte continue de plus belle le
dimanche, mais une crevaison affecte la course de Verrier qui croit avoir tout perdu.
En fait, son retard n'est pas énorme, et il réussit à coiffer lemeille au tout dernier moment, grâce à un très bon temps dans la dernière spéciale.
les deux équipages se félicitèrent mutuellement du doublé réalisé PSlr leurs deux UMM Marathon dans la catégorie diesel,
sous l'oeil satisfait du team manager J Verrier (le père).

Dans cette catégorie, notons le retour du suisse Bandieri, qui ne fut lui non plus pas épargné par les crevaisons,
préférant s'arrêter pour changer de roue en spéciale plutôt que de casser du matériel.
Enfin, ne quittons pas ce dernier point stop sans mentionner la seconde place en T2 de Jacques Beziat (Toyota Diesel/.
Pour son 50ème anniversaire, il ne pouvait rêver meilleur cadeau.
Et laissons lui le dernier mot, en véritable amateur passionné : A cinquante ans, je trouve les rallyes super... j'en prendrais bien encore pour vingt ans!·


Béziat vainqueur classe diésel


                              


Philippe Cosson emmena un Gembo T3 pour la première fois au terme d'une épreuve