Arzacq 1992
Texte et photos Robert Ollivier, Yvonick Jambon, Alain Deveau.










CAPIN OUVRE LA MARQUE...

 

Si, depuis quelques années, nous nous étions habitués à voir les plateaux se garnir de plus en plus, 1992 risque fort de déclencher le phénomène inverse
: avec environ 30 % d'engagés en moins, Arzacq annonce la couleur .
La réglementation technique reprend celle qui régit les rallyes raid, avec trois catégories : T1 (série), T2 (série améliorée), T3 (prototypes). Ceci dans le but que les 2 disciplines s'interpénètrent,
louable intention mais les pilotes de rallyes raid habitués aux grand sespaces, au soleil, au dépaysement, seront-ils attirés par les épreuves en France ?
Premier constat : ce ne sont pas les 2 participations de pilotes issus du rallye raid qui équilibrent le phénomène. De plus les épreuves du championnat ne peuvent pas recevoir de concurrents étrangers.
Alors on ne comprend pas bien l'avantage de tels changements pris tous en même temps. Les organisateurs pouroont -ils tenir avec un nombre d'engagés en chute libre?
Ce bouleversement du rallye tout terrain a t-il vraiment été appréhendé sous toutes ses facettes par nos instances fédérales? On peut se poser la question.
Ainsi la disparition de la catégorie "2 roues motrices" dans laquelle évoluaient un grand nombre de pilotes aux moyens financiers limités, a entrainé une diminution du plateau.
Certes, ces autos peuvent continuer de courir, mais il faut les mettre en conformité avec les T3 "rallyes raid" plus stricte sur la sécurité :
extincteurs automatiques, durits aviation, réservoir homologué souple... et le budget qui s'ensuit.
Comment ne pas s'étonner que nombre de concurrents qui participaient à une ou deux courses n'ont évidemment pas investi. (Arzacq 1991 : 116 partants, Arzacq 1992 : 74 partants),
pour la catégorie 2 roues motrices en 1991, plus de 25 buggies de ce type y figuraient encore, cette fois ils se comptaient sur les doigts d'une main.
Autre question que se posent ces pilotes : est-il bien raisonnable d'investir 10 000 F, et peut être plus, pour être conforme aux nouvelles normes de sécurité,
alors que d'ici un ou deux ans le buggy 2 roues motrices s'échangera contre une poignée de « pin's »?
Bien des pilotes ont donc choisi d'attendre pour voir l'évolution des choses ou alors vont prendre une année sabbatique afin d'accéder aux 4 roues motrices par la suite.
Toujours est-il que 1992 sera une année de transition, difficile pour beaucoup et peut-être encore davantage pour les organisateurs...

Outre ces raisons relatives à l'ex-groupe 5, on peut y ajouter « l'oubli » d'un certain importateur, Rover, pour le nommer, qui n'a pas cru bon homologuer le Land 90 en T1 alors que,
l'an passé, ils étaient parfois une bonne douzaine dans certaines épreuves (11 aux Cimes 91).
Ajoutez à cela la conjoncture économique, la déclaration d'impôts en retard, la facture des accords de Maëstricht, l'ouverture du salon de l'Agriculture
sans oublier le référendum en Bosnie Herzégovine et nous atteignons les 30 % d'absents...

Alors les organisateurs ont peur de ne pas boucler les budgets avec si peu de partants, et les épreuves hors-championnat se voient condamnées.
Il est évident que pour l'avenir, il faudra sponsoriser encore et encore... et plus!
Avant de cracher dans la soupe, un petit coup d'oeil sur le parc permet de voir que le niveau de préparation a évolué et ça, c'est une bonne chose!
Mais avant de polémiquer sur ce sujet, jetons un oeil sur le côté sportif.
Et là, il y a eu ambiance : soleil digne d'un mois de mai, terrain sec, poussière et gros bastons... alors, que demande le peuple!


       
Malgré une rupture de cardan en début d'épreuve, Michel Capin marque d'entrée de championnat...

Rien ne sert de courir..,

Parmi les gros bras, on remarquait l'absence de Briavoine (pas d'auto) et de Philippe (nouveau buggy pas prêt), Estienney,
Fimbel champion de France en titre à l'arrêt provisoire faute de budget.

Ils étaient cependant une bonne dizaine à viser le podium: Pachiaudi, Aguerre, Poincelet (Fouquet), Capin, Calzavara, Burgana, Herbert, Iribaren, Rivet, Arnoux...
Pour Turon-Barrère, l'objectif s'avérait très limité, ayant emprunté une auto peu adaptée à ce type d'épreuve (buggy d'endurance);
le Palois était venu pour se remettre dans le bain après son accident de 91, et essayer de grappiller quelques points.

C'est sans doute le dicton qui s'applique le mieux à la victoire de Capin pour cette 10e édition des Collines d'Arzacq où les grands favoris furent écartés ou éliminés parfois bien trop tôt.
Herbert ouvrait la liste des exclus prématurés dès le test (différentiel) ; Iribaren, sur le Fouquet que pilotait Briavoine en fin de saison dernière, y perdait 4' en allant au trou dans le test;
Calzavara et Arnoux cassaient la boîte un peu plus tard (abandon). Aguerre quitera également le rallye sans avoir pu s'exprimer.
Pachiaudi, impérial, prenait la tête des opérations, poursuivi par Ardurats (AMV Fouquet), Poincelet (Fouquet Alfa) et Girardin (Rivet).
Ces 4 pilotes trustaient les victoires d'E.C. du samedi, exceptée l'une d'elles que signa Iribaren, parti avant dernier après le test et
dont l'objectif était de remonter dans les 10 premiers à l'issue de l'épreuve. Rivet Junior, malgré un modeste 2 litres Renault,
récoltait quelques places d'honneur tandis que Castaignos ouvrait son train avant; Turon-Barrère connaissait des problèmes d'embrayage et Capin,
victime d'une rupture de cardan dans l'EC 2, échouait au 9e rang, effaçant du même coup tout espoir de victoire.
Si la cause semblait entendue pour Pachiaudi (53" d'avance sur Ardurats et 1'03 sur un Poincelet en grande forme), derrière, les écarts étaient bien trop minimes pour établir une hiérarchie durable.


Jérôme Hardy, premier des T2. Mais son Pajero est encore un ton en dessous des Cherokee Tl...

Série de casses ...

En effet, le lendemain, dès la 1re boucle de la matinée, le trio de tête était détrôné: Ardurats (cardan) prenait 4' de pénalité sur le routier,
Pachiaudi (sortie de boîte) abandonnait au petit matin, de même que Poincelet (transmissions). La voie était libre pour les outsiders.
Turon-Barrère continuait à galérer; cette fois des ennuis de turbo s'ajoutaient à ceux de la veille et le contraignaient à l'abandon après l'avant dernière EC.
Rivet, malgré la perte de la traction intégrale l'espace d'une boucle, se maintenait alors que pour Capin, Girardin et Castaignos, tout semblait aller pour le mieux.
Derrière, Ardurats et Iribaren ne baissaient pas les bras pour autant, bien qu'ayant des objectifs différents. Alors que Girardin présentait les meilleures chances de victoire,
Capin l'emportait après 3 victoires d'EC et 12" de mieux sur l'équipage de Château-Thierry.
Castaignos, qui avait craint pour son train avant, gagnait pour la première fois le droit de figurer sur le podium, suivi de Lamic qui signait là, lui aussi, son meilleur résultat.
Le clan Fouquet est plutôt bien représenté avec six autos dans les huit premiers. lribaren, 11ème manquait de peu son objectif mais a prouvé qu'il sera un redoutable adversaire pour la suite.
Rivet victime de quelques petits ennuis, limitera les dégâts en s'adjugeant la classe 2 litres, devançait largement Barbé et Varangle, tous admis dans le « top 10 ».

Pour ce premier round, nous avons assisté à de belles explications, les protos manquaient encore de préparation mais d'ici la prochaine course,
les mécaniques seront revues et corrigées pour obtenir des explications encore plus consistantes. .

 


Olivier Girardin a longtemps cru en une victoire qui ne lui échappe que pour douze petites secondes perdues en toute fin du rallye.

.----------En quelques mots.-.. -----------,

· José Lamic, le patron du team Leclerc d'Eause, peut être satisfait: ses pilotes et lui même réalisent un excellent tir groupé.
Capin enlève l'épreuve, Lamie termine quatrième et Clévenot sixième.

· Raoul Raymondis (Rover Discovery, 2e en T2) : « On a eu quelques problèmes de courroies qui nous ont pènalisés,
mais je suis content de retrouver ici l'ambiance que j'ai connue dans les premiers Rallyes-Raids et qui a malheureusement disparu...» ·

Alain Rickeboer (Renault Cherokee, 1 er en Tl) : « On vient de monter les doubles amortisseurs, comme l'autorise la nouvelle règlementation, et la différence de comportement est énorme.
En revanche, on a volontairement roulé en vitesses longues pour éviter certains problèmes rencontrés l'an passé.
Cette saison, je donne la priorité à l'endurance, avec en option les épreuves du championnat de France Tout- Terrain du Sud-Ouest.» .

Bernard Garat
(Phil's Car, l2e), vient de passer à la traction intégrale: « J'ai juste eu le temps de faire deux kilomètres avant d'aller à Arzacq.
La conduite est bien différente et un peu déroutante au début. L'idéal serait d'avoir un viscocoupleur.
Le premier jour de course, il a fallu déplacer le point de fixation de l'amortisseur qui frottait sur l'arbre de roue dans les appuis.
Le lendemain, j'ai bien cru devoir abandonner après la rupture d'une fixation de l'alternateur. Il me faudra également revoir les freins, mais malgré tout, je suis satisfait de cette première sortie.
Ce qui m'inquiète le plus, c'est /'incertitude quant au sort qui sera réservé aux buggies dans les années à venir...»

Michel Turon Barrere : "Pas facile à manier quand tu penses qu'il fait plus d'une tonne et qu'il est en version endurance".
Turon parmi les premiers en début de rallye, mais la malchance le poursuivra tout le week-end. Il cassa une durite dans la dernière spéciale du samedi
et là tout l'esprit des équipages "ville de PAU" apparut au grand jour. Autour du fouquet, les mécanos de Turon et ceux de Bernad.
Une réparation de fortune et le lendemain rebelotte. Dans la liaison, tout le monde se remit au travail en mettant une pièce neuve.
Chapeau! Cet esprit là, on le retrouvera quelques spéciales plus loin, cette fois-ci pour un turbo récalcirtrant. " Je perds de la puissance et cela explique notre dégringolade au classement.
L'équipe de bernad connait bien les turbo et elle nous aide, c'est super". Pauvre Turon, il devra ernoncer à l'appel de la dernière épreuve.

 

 

4X 4 DE SERIE:
ATTENTION, CHEROKEE!

Cette année, la catégorie des 4 x 4 de série s'appelle Tl. 15 autos au départ ;
Et comme en rallye-raid, on a le droit à quelques améliorations par rapport à l'ancien groupe 2 : doubles amortisseurs, sangle anti-débattement...
Une «équivalence» qui devrait permettre aux autos homologuées FISA disputant des raids de venir s'essayer sur l'hexagone et vice-versa.
Premier à tenter l'expérience, Laurent Ernoux, propriétaire d'un superbe Ten-ano préparé chez Dessoude. A son Palmarès, une deuxième place en série au Tunisie 90.
Cet Africain est venu se mesurer aux spécialistes du groupe :
Francis Bernad, vainqueur du challenge des 4 x 4 de série, toujours sur Cherokee ; le Dacquois effectuera seulement les courses du Sud-Ouest
mais participera avec la même auto à toutes les épreuves d'endurance TT (en Tl). En rallyes TT, il ne visera pas le titre, mais jouera les troublefête et aidera, s'il le faut, le premier Cherokee.
Nicolas Bossart a délaissé son Land groupe 4 devenu caduc, pour un Range Rover tout neuf préparé en Angleterre (bonjour le budget);
Bruno Lhotellerie a investi dans le Pajero V6 de J. Hardy (2' du challenge des 4 x 4 de série) et Alain Blancart a troqué son Samuraï (groupe 4) pour un Vitara injection Tl.
A noter la présence du Vitara de Maggi, du Toy Four Runner de Dumont et de 7 Lada.
Avec des véhicules préparés aux petits oignons, les deux pilotes des Cherokee n'ont laissé le soin à personne de se partager les victoires de spéciales.
F. Bernad parti prudemment le samedi, laisse filer Alain Ryckeboer ; le lendemain, le Palois essayera de revenir sur son coéquipier, mais l'écart étant trop important, il échouera à 21 secondes.
Derrière, le Range Rover de Nicolas Bossard essayera de garder le contact samedi, mais il sera distancé dimanche suite à quelques petits soucis. Le premier jour, Ernoux (5', Nissan Terrano) ne peut contenir le retour du Vitara d'Alain Blancart ; ce dernier, plus à l'aise sur le tracé sinueux du deuxième jour, il poussera même à la faute Lhotellerie qui sortira (train avant «out») et abandonnera.
Le Grenoblois rem.onte donc à la quatrième place finale devant le Terrano de seulement 30 secondes.
Il marque ainsi les 5 points de classe, et les deux points de la quatrième place de groupe, soit 7 au total, la même chose que Francis Bernad,
deuxième de groupe (4 pts) et deuxième de classe (3 pts). Un outsider pour le championnat, Pierre Allard, se retrouvant sans auto,
est venu glaner les 5 points du diesel avec un Pajero long de série en attendant une nouvel1e voiture: Pajero ou Terrano ?

Au challenge Lada, c'est Laurent Samson qui prend le meilleur sur Olivier Lussin. Le bilan? La catégorie est très bien représentée, les autos sont superbes,
de plus on attend les deux UMM officiels qui joueront la classe diesel. Mais attention, avec 1 580 kg pour 200 ch, la Jeep Cherokee reste l'arme absolue,
d'autant qu'avec l'expérience de la saison passée, l'engin devrait être à la fois performant et fiable.
Seul un Terrano bien affûté et piloté de main de maître devrait pouvoir les perturber. Mais le championnat est long, et en jouant dans les classes...

T2 : CLIENTS!

Certes, ils étaient peu nombreux dans la catégorie des 4 x 4 de série améliorée, mais gageons qu'avec la réglementation technique plus «tolérante» ,
les autos n'étaient pas tout-à-fait prêtes. 8 autos au départ de la première manche,
un grand absent: G. Lansac, vainqueur du groupe4 au terme de la saison passée qui, cette année, s'oriente vers les épreuves d'endurance.
Toujours est-il que les clients s'appellent J. Hardy, transfuge de l'ex-groupe 2, sur un nouveau Pajero V6 semi-officiel, boîte 6 Ralliart,
et le tant attendu Raoul Raymondis sur un Discovery V8 officiel.
Plus habitué au terrain, Jérôme Hardy distança d'entrée le Toulousain; ce dernier, sur une auto préparée hâtivement, connût quelques soucis d'alternateur :
deux spéciales finies au ralenti ponctuées de quelques pénalités: 3 minutes sur la liaison. Première surprise, les T2 étaient encore une fois devancés par les Tl. Les raisons?

Simplement des autos nouvelles en cours de préparation et d'évolution et un rapport poids-puissance qui reste supérieur à celui des 4 x 4 de série !
Pour les deux pilotes, il faudra impérativement alléger et chercher des chevaux. Mission excessivement délicate sur le V6 Mitsubishi.
Le dernier jour, le Parisien placera une seule fois sont auto devant les Tl, et Raymondis se rapprochera à deux reprises lui aussi du meilleur temps des Tl.
D'ailleurs, le Toulousain connaissant moins de problèmes et se familiarisant avec son Disco, se rapprochera de J. Hardy,
mais pas suffisamment pour lui ravir la tête. Après l'abandon du Vitara de Pascal Houy,
c'est le véloce Pascal Zielinski qui s'adjugera la troisième place au volant de sa petite Niva : un client pour le challenge Lada 92.
Encore pauvre, la catégorie T2 devrait avoir de beaux jours devant elle; on annonce là aussi la venue d'autres équipes,
notamment les Santana officiels avec G. Nantet et J. Da Silva.
A suivre.




Au volant de son Discovery officiel, Raoul Raymondis était bel et bien là.
Son objectif: le titre en T2.
Gageons que l'auto va évoluer et devenir encore plus performante. Un client!

 


Superbe course de Daniel Castaignos qui complète, avec sa troisième place, le succès des buggies Fouquet.


Pas de Championnat complet pour Rycke, mais une ferme volonté de semer la zizanie dans le groupe Tl.
Et une victoire de plus pour le Palois !

SVP : il arrive que d'anciens concurrents visitant ces pages m'écrivent pour savoir si je possède la liste des engagés ainsi que d'autres articles de presse de ce rallye.
Si vous même avez ces documents rangés en souvenirs, pouvez-vous les scanner et me les envoyer à flashtoutterrain@yahoo.fr , merci infiniment.

Je complèterai par conséquent ces résumés.
Juste une histoire de partage.