Arzacq 1990
Texte et photos Robert Ollivier, Yvonick Jambon
C'est reparti ! Fort de sa fin de saison passée détonante, le championnat des Rallyes TT 90 recommence. Fortissimo !!!
Quantité et qualité pour cette 1 ère épreuve du
championnat de France des rallyes Tout-Terrain organisée par l'A.S.A.C..B.B.
et l'Ecurie des Collines d'Arzacq.
Limités à 110concurrents, les organisateurs n'ont pas pu satisfaire
toutes les demandes d'engagements pour cette 8e édition.
Ils étaient donc plus d'une centaine (forfaits de dernières
minutes) à s'être déplacés, tous plus enragés
les uns que les autres, la trêve hivernale n'ayant apparemment pas calmé
les ardeurs de chacun.
Principale nouveauté: la création par la FFSA
d'un challenge de véhicules de série, ou si vous préférez,
en fin de saison on pourra couronner enfin un simili champion du groupe 2.
Ils furent plusieurs à répondre à cette formule: Ryckeboer
(Land V8), Bernad (Cherokee Limited, une première en TT !), Esbrat
(Pajero V6) pour les nouvelles autos.
N'oublions pas les habituels Pajero de Berges et Malaurie, et les autres Lada
et Land Rover.
Ce début de championnat : C'est doux, c'est neuf ?
Ne croyez pas pour autant qu'un fabricant de poudre à laver s'intéresse
au tout-terrain, ni qu'il suffise d'un lavage pour que les voitures retrouvent
leur efficacité maximum.
Seulement les nouveautés sont suffisamment intéressantes pour
qu'on s'y attarde.
D'abord en ce qui concerne l'épreuve elle-même: plus de nocturne,
le règlement l'interdit; on le savait déjà mais ici c'était
devenu une tradition.
Les 4 secteurs principaux qui constituent l'épreuve ont subi quelques
modifications: les 2 premiers ont été rallongés de 3
et de 2 km et passent ainsi à 6,2 et 5 km.
Le suivant, Crusaas, atteint 12 km et dans le dernier, Nouzeille, une chape
de béton coulée dans le lit de la rivière, en facilite
le franchissement,
et permet des passages spectaculaires et très rapides, choses que seuls
quelques furieux s'autorisaient par le passé.
La boucle développe 30,2 km et sera parcourue 4 fois (2 fois le samedi,
autant le dimanche matin).
Ajoutez à cela 2 courtes spéciales de 2,5 km chacune et vous
obtenez 125,8 km d'épreuves chronométrées.
Mais les nouveautés sont également de nos amis les buggies,
on a investi et un maximum.. Burgana, Clévenot, Calzavara ont troqué
leurs anciens Fouquet contre le dernier modèle.
Fouquet lui-même est passé pilote; il n'avait jusqu'alors que
l'expérience des courses d'endurance de 6 heures et une participation
au dernier « Dunes et Marais».
Herbert a laissé le buggy« Flac» pour un « Rivet»
à moteur Renault mais espère un Peugeot Mi 16 bientôt.
Moteur BMW M3 pour le fiston Rivet, Phil's Bug pour Gaffuri, etc.
A noter le retour de Lignac, absent de la saison 89. Les autos gagnent en
esthétique et en préparation, n'ayons pas peur de le répéter,
et cette 1 ère manche, courue sous un ciel sans le moindre nuage, a
donné encore plus d'éclat à ce début de championnat.
Burgana, nouveau fouquet, étrennait un moteur 605 24
soupapes qu'il mena à la 7e place scratch.
Petite présentation des autos présentes :
Calzavara : nouveau Fouquet 4 x 4, moteur 605 PRV 3,0 L, 250 ch.
Burgana : nouveau Fouquet 4 x 4, moteur 605 24 soupapes, visco' coupleur,
220 ch.
Rivet : même auto qu'en 89 mais moteur de BMW M3.
Philippe : même auto qu'en 89, nouvelle suspension Ohlins, moteur revu
(plus de couple, plus de puissance), 210 ch.
Turon·Barrère : même auto qu'en 89, moteur 2,0 L de dépannage
(en attendant un 2,5 L Renault nouvelle culasse, 3 soupapes par cylindre,
injection électronique, carter sec, 250 ch).
Ardurats : même auto, moteur revu (plus fiable), équipée
d'amortisseurs Ohlins.
Gaffuri : a racheté le superbe Phil's Bug turbo de Genty, un des plus
puissants du plateau (moteur R5 turbo tour de Corse)
Cherokee Limited : première participation en catégorie série
d'une Jeep aux mains de Bernad (superbe !).
Pajero V6 : la série intéresse les pilotes, encore une superbe
auto pour Esbrat.
Sont pas beaux les buggys? En jaune Capin, en blanc Lignac
Samedi:
« Suivez-nous si vous pouvez; sinon prenez des notes! »
Ces paroles ne sont bien sûr que le fruit de notre imagination mais
auraient très bien pu être proférées,
haut et fort par n'importe lequel de nos 3 champions (Pachiaudi, Philippe,
Briavoine) tant leur suprématie fut écrasante dès le
début.
Pachiaudi et Philippe se partagèrent équitablement la 1 ère
boucle et ce dernier « remit cela» dans la suivante avec Briavoine
cette fois.
Le champion de France sortant, malgré 4 E.S. à son actif, devait
se contenter de la 2e place à 12" de son compatriote Briavoine.
Puis Pachiaudi , lâcha prise 3e sur les 2 leaders provisoires, des mauvais
choix de pneus étant la cause de ce retard très important pour
le vice champion de France 89.
Calzavara fut le seul à aller flirter avec le groupe de tête
et se plaça 3e à égalité dans l'E.S. 2.
Son nouveau Fouquet ne bénéficie pas encore de la motorisation
définitive et après les 8 épreuves du samedi il occupait
la 4e place à plus de 2 mn de l'homme de tête.
Que ce soit Lignac, Ardurats, luron ou Calzavara, nul n'était en mesure
d'aller chercher ce trio de furieux à la régulière.
Entre-temps, le buggy de Fabrice Rivet digérait très mal dès
la première spéciale l'injection mécanique de son BMW
M3 (à revoir au plus tôt avec une injection électronique).
Difficile également de figurer dans le «Top 10» quand on
ne dispose que de 2 roues motrices! C'est pourtant ce que tenta Cosson, avec
succès, à deux reprises.
La grande forme du pilote et du Renault 2,5 L., lui permirent de mener le
gr. 5 malgré les assauts de ses adversaires: Goni, Vignau, Leclercq...
Seule« 4x2» dans les 10 premiers, le phil's bug de Cosson.
Une lutte impitoyable se livra au sein du gr. 4 entre le Land-Rover de Penicaud,
le Lada de Brachet et la petite Fiat Panda de Locmane.
Comme dans la fable, le plus petit n'est pas toujours celui qu'on croit mais
Brachet était provisoirement en tête de la catégorie avec
près de 2 mn d'avance sur la Fiat.
Dans le gr. 2, Rickeboer menait devant Bergès, bénéficiant
de 30" d'avance. Rien n'était gagné et le Périgourdin,
bien que disposant d'un Pajero vieillissant,
pouvait encore inquiéter tout comme Bernad qui se faisait la main avec
le Cherokee Limited, un peu timide le samedi mais bien plus à l'aise
le lendemain.
Fin de journée pour les leaders, P. Calzavara essayait de garder le
contact avec un Fouquet encore trop neuf, il concédait déjà
2'12 le samedi mais se plaçait directement à la quatrième
place,
juste devant un étonnant Lignac, équipé de son Fouquet
de 88.
Le leader, j'ai nommé Briavoine, devançait Philippe de 12 secondes
et le Savoyard Pachiaudi de 42 secondes.
Rien n'était donc joué, mais à l'issue de la première
journée, on savait déjà que le leader se trouvait parmi
ce trio inséparable. Insupportables, de vrais garnements !
Un temps scratch pour le sautillant AMV d'Ardurats.
Dimanche:
la fureur de vaincre
Une légère gelée recouvre les pistes et même en
ligne droite il n'est pas évident de tenir le cap.
Les 79 rescapés couvriront 2 boucles identiques à celles de
la veille.
Pachiaudi, 3e à 52", légérement énervé
par la petite erreur de la veille, aimerait bien prendre sa revanche sur«
Plaines et Vallées» et surtout engranger
le maximum de point dès cette 1ère sortie de l'année.
Pour cela, il n'a pas le choix, il doit attaquer d'entrée. Et il attaque
le bougre!
Parti comme un fou, il s'impose dans les 4 épreuves de la 1 ère
boucle, reprenant les secondes à pleines poignées ce qui l'amène
à la 2e place à 11" du leader et à 13" devant
Philippe :
31" de gagnées dans ce 1 er tour, tout est possible dans le suivant...
même la casse et c'est ce qui va se produire aussitôt après:
rupture d'un élément du triangle AR entraînant l'abandon.
Restent les 2 Normands qui vont lutter jusqu'à l'épuisement.
Tout aurait pu se décider dans l'E.S. 14.
Tous deux sont partis à la faute et ont eu leur pare-brise givré
à la sortie d'un gué ce qui va placer Philippe 34e et Briavoine
46e à 9".
Dans la suivante, le pilote« Butagaz» concède à
nouveau 17" à son adversaire. Ils termineront la matinée
avec seulement 3 secondes de différence à l'avantage de Briavoine.
Les 2 dernières E.S. très courtes (2,5 km chacune) vont nous
offrir un spectacle fantastique, relevant plus de la cascade (par endroits)
que de la course.
La lutte promet d'être intense, le ring accueille nos 2 combatants .
Deux Phil's Bug, deux Normands.
A ma droite, Eric Briavoine un tantinet tendu: pour lui un abandon était
exclus, sa saison précédente se devant d'être au plus
tôt oubliée, c'était le titre ou rien.
Pour Philippe (à ma gauche) c'est différent, il n'avait rien
à perdre, un titre 89 gagné dans des conditions extrêmes,
les grandes estocades ne lui faisaient plus peur,
d'autant que son auto paraît encore plus redoutable avec ses nouvelles
suspensions Ohlins, de plus elle fait 100 kg de moins que celle d'Eric.
Evidemment, le baston attendu allait bien être au rendez-vous. Dans
l'avant dernière Philippe, compétement déchainé,
reprend 1" et bien que Briavoine, dans l'ultime E.S. améliore
son temps,
son adversaire n'hésite pas à lui porter l'estocade en s'autorisant
3" de mieux:
Philippe venait donc de souffler la victoire à son compatriote, laissant
ce dernier dans une situation qui n'était pas sans rappeler celle que
connut Lay aux Cimes 87...
Tête des mauvais jours pour Eric!
Une victoire à l'arraché pour les frères
Philippe.
Rarement nous avons vu des pilotes aussi déchaînés,
voitures droites comme un 1 sur les bosses, la tête en bas s'il vous
plait : gros cœur only !
La bagarre pour le titre ne doit pas pour autant occulter la belle prestation
des suivants, notamment P. Calzavara (3e) qui, malgré une auto pas
encore «finie»
a été épargné par les habituels soucis dus à
son turbo (entre autres).
Turon-Barrère (5e), lui aussi habitué des petits tracas mécaniques,
connaissait une course sans problème, remportant la classe avec son
petit moteur 2 L de remplacement.
Derrière, on assistait à un tir groupé de Fouquet avec
Ardurats (6ème) et Burgana (7ème), tous les deux très
réguliers.
Belle 5' place de Thuron-Barrère sur ses terres.
Le premier deux roues motrices est Cosson, il finit 12ème. Dur les
4 x 2 en 90 ! Il relègue Goni de plus de 2 minutes.
Dans la catégorie 4, le samedi on a vu une grosse explication entre
les Lada de Brachet, de Gabardos, le Land Rover de Penicaud et la Panda de
Locmane.
Brachet prenait l'avantage sur la petite Panda.
Le lendemain Penicaud reprenait le commandement suivi d'un Brachet déchaîné.
Pourtant la victoire allait revenir à l'étonnante puce rouge:
la Panda de Locmane qui coiffait sur la ligne pour 13 secondes le Land de
Penicaud et la Lada de Brachet.
Gabardos et son Niva gr. 4 remportent la première manche
du challenge Lada.
En série, Ryckeboer se retrouvait en tête le samedi soir malgré
un début de course impressionnant de Berges sur son «old -Pajero».
A la troisième place, Malaurie (Pajero) devançait le Toy BJ
74 de Louis qui devait effectuer tout le rallye sur un seul pont.
Le superbe Cherokee de Bernad atterrissait à la 5ème place.
Dès la première heure le dimanche, le Pajero de Berges reprenait
le meilleur sur Ryckeboer, le Cherokee remportait néanmoins une victoire
de groupe dans la 11ème spéciale devant l'étonnant Berges.
Ryckeboer, victime d'un mauvais choix de pneus perdait sa première
place au profit du Pajero.
Victime de soucis de boîte, Berges laissait filer le Land de Ryckeboer
vers la victoire.
Bernad réalisait une belle fin de parcours en trustant les première
et seconde places du groupe.
Au général, le Land Mercure devançait le Pajero de Berges
(2ème) et le Limited de Bernad (3ème). Arzacq a ouvert le bal,
et la saison promet d'être superbe.
D'autant que pour la première sortie, les autos étaient loin
d'être toutes finies, certains pilotes ne sont effectivement pas encore
prêts.
La venue d'autos neuves dans la catégorie série (Pajero V6,
Limited, Land V8...) a redonné une bouffée d'oxygène
à cette discipline qui ne se portait déjà pas si mal.
Débuts timides pour la Jeep Cherokee de Bernad qui
semblait déjà plus à1'aise le dimanche
107 partants, 67 classés, des pistes qui ont fait l'unanimité,
une météo irréprochable, c'est, nous ont dit de nombreux
pilotes, la meilleure édition que nous ayons connue à Arzacq,
depuis sa création.
Le Rallye TT se professionnalise d'année en année, les véhicules
atteignent des niveaux de préparation jamais vus dans ce type d'épreuves,
et la bagarre est omniprésente dans chaque groupe.
Ceux qui en doute n'ont qu'à aller faire un tour dans les prochaines
épreuves.
Aux Cimes 87, Briavoine s'était imposé d'un
souffle face à D. Lay. Cette fois-ci c'était son tour d'être
le grand perdant!
Fiche technique
8' édition. Les 3-4 mars 1990. Organisée par: l'Ecurie des
Collines d'Arzacq et I·A.SAC.B.B. ,
ce manche du championnat de France des rallyes TT Parcours: 4 boucles 30,2
km + 2 E.S. Total 125,8 km.
Partants: 107. Classés: 67. Météo: soleil sur les 2 jours.
Précédents vainqueurs: 1989: Briavoine - 1988: Briavoine.
Louis, Toyota (BJ 74 cat. 2), en action. Et avec un pont en
moins s'il vous plait !
Malgré tout il remporte la catégorie diesel.
COUP DE CHAPEAU
Ryckeboer.Dannenmuller : les terreurs de la catégorie
série !
Super préparés, hyper motivés, néanmoins cette
saison, ils devront se méfier de la venue de nouvelles autos dans le
cadre du challenge groupe 2, une catégorie qui promet!