Présentation des forces en présence pour ce début de saison :
Avec 86 concurrents, les organisateurs, l'Ecurie d'Arzacq présidée
par Jean Boutet et l'ASA. de l'Automobile Club BascoBéarnais, pouvaient
se flatter d'avoir réuni un plateau conséquent : le maximum
autorisé par le règlement. Pas de révolution dans le
Parc mais la confirmation d'une tendance déjà sensible à
l'emploi de techniques de plus en plus sophitisquées au niveau des
suspensions, des transmissions et des moteurs; la préparation, la finition
et la présentation ont fait d'énormes progrès en deux
ans grâce à des gens comme Pachiaudi, les Philippe, l'équipe
Strakit et maintenant Bernard Fouquet.
Les Phil's Bug sont les plus nombreux avec douze buggies au départ
(huit classés). Nouveau châssis pour J.P. Goni, propulsé
par un « petit » VW 1600 GTI de série: 6e au scratch, 1er
de groupe et de classe... A revoir avec le 1800-16 soupapes prévu pour
un peu plus tard. J.M. Bernard a équipé son 4 roues motrices
d'un Renault 5 Turbo 2 « évolué » et de freins à
disque accolés aux ponts. En cours d'épreuve il lui faudra revenir
à une monte plus traditionnelle à l'arrière par manque
de refroidissement; une durite de turbo éprise de liberté lui
causera également quelques soucis.
Briavoine, Lainé, Rovaldieri sont restés fidèles à
leurs montures de l'an passé à quelques aménagements
près, recherche de la fiabilité oblige. Les moteurs sont tous
nettement au-dessus de la barre des 200 chevaux : Renault
4 cylindres 2,6 1. Mécatechnic, Porsche 3,2 1. Injection directe, Renault
4 cylindres 2,6 1 préparation Rivet, dans l'ordre des propriétaires.
Saluons le retour à la compétition après trois ans d'absence
de Jean-Louis Nickrass qui s'ennuyait un peu le week-end: pour y pallier,
il a acquis le buggy des Champions de France et a commencé son initiation
à la conduite en 4 roues motrices...
Déplorons l'absence de Desjouis qui a fait le déplacement mais
n'a pu prendre le départ faute d'un engagement arrivé hors délai
et celle des frères Philippe, vainqueurs l'an passé: le nouveau
Phil's Bug n'est pas encore terminé, mais on dit déjà
qu'il serait construit en acier ultra-léger et qu'il aurait un empattement
allongé.
Viserait-on les courses d'endurance?
On compte neuf Strakit au départ (trois à l'arrivée),
tous en 2 roues motrices mais avec des motorisations éclectiques :
un Renault 2,2 1 préparation Rivet de 180 chevaux pour Dulou qui terminera
10e, un Talbot-Lotus très (trop?) affuté pour Sansot qui sera
contraint à l'abandon dès la deuxième spéciale.
Leclerc, un revenant, a choisi un PRV et a connu les mêmes problèmes
d'embrayage que Dulou :
cloche trop étanche et mauvaise évacuation des calories. Quant
aux sympathiques Savoyards, Gaston et Nicole Alessandria, ils ont troqué
le Lada qui leur a permis d'accéder à la 6e place du Championnat
de France 1986 pour le Strakit-Porsche que Nantet pilotait la saison dernière,
rien de moins. Ils n'ont pas eu le temps de le réviser avant la course
ce qui leur a valu quelques vives remontrances de la part de l'ancien propriétaire
et quelques ennuis du côté de la segmentation, très préjudiciables
aux performances...
Moins de chance encore pour Jacques Gaitte, équipé d'un Renault
Turbo 2 et contraint à l'abandon par une alimentation d'essence capricieuse.
De mois en mois, le clan des Fouquet s'étoffe au point que la silhouette
agressive mais néanmoins harmonieuse des buggies bordelais devient
familière au public. Sept d' entr' eux prenaient le départ,
trois sont classés. Les « connus » sont ceux d'Ardurats
qui a changé sa décoration, sponsor oblige, celui de Jacky Lignac,
cinquième l'an dernier à Dunes et Marais, avec un Renault-Mécatechnic
dont Rivet tire 230 ch, ou encore de Patrice Lacaze, président de la
section tout-terrain de l'Automobile Club du Sud-Ouest qui fait lui aussi
son retour en rallye au volant du Fouquet ex-Burgana. Ce dernier étrenne
un nouveau modèle équipé d'un Peugeot 505 Turbo. Même
choix pour Clévenot et même punition pour tous les deux, l'abandon
sur panne électrique. Capin a été victime de problèmes
identiques qui l'ont contraint à une course en dents de scie : second
au test, vainqueur de deux spéciales, il perd toute chance de bien
figurer en terminant deux fois en queue de tableau à cause d'une thermistance
qui coupe l'allumage au passage du gué. Rien de fondamental donc, et
l'organisateur du futur rallye de l'Armagnac (les 18 et 19 juin prochains
qu'on se le dise) se dit très satisfait de son PRV préparé
chez Muratet : 2,8 1 arbre à cames Ferry, 200 ch un couple confortable
dès les plus bas régimes, permettant d'envisager un avenir plein
de podiums.
Pour en terminer avec les buggies citons les quatre Pachiaudi : celui du constructeur
a subi quelques modifications pendant l'inter-saison, en particulier au niveau
de la crémaillère de direction dont le positionnement laissait
à désirer. Maintenant parfaitement au point, on le verra dans
tous les rallyes du Championnat de France et à la Baja. Les autres,
ceux de Jean Aguerre que l'on a toujours plaisir à retrouver, de Pierre
Garnier qui se fait rare et de Couffite dont le moteur ratatouilla du début
à la fin, ne sont plus de première jeunesse mais la fiabilité
est là puisque seul Aguerre manque, victime d'un bris de boite dans
l'avant-dernière spéciale.
Vingt-cinq véhicules de série ou dérivés n'ont
pas craint d'affronter des collines du Soubestre. Le clan des Lada est de
loin le plus nombreux avec quinze voitures si l'on y inclut le nouveau proto
Lada-Poch piloté par Gilles Nantet à qui est revenu la succession
de Pierre Lartigue et la Samara de Jacky Gabardos tout juste revenue de Dakar.
Il reste encore deux Jeep, celles des rapides Palois Turon-Barrère
et Gardet qui courent sous les couleurs du nouveau Team 4 x 4 Promotion.
La course:
Le départ pour les six épreuves chronométrées
du samedi après-midi est donné dans l'ordre des temps du test
couru le matin. Pachiaudi ouvrira la route, suivi de Capin, Lainé,
Briavoine et Cosson déjà en délicatesse avec sa boîte
à vitesses. Capin s'adjuge la première spéciale du samedi
après-midi à 4secondes devant Briavoine, prudent (tout est relatif,
bien entendu) tant qu'il n'est pas certain du bon choix des pneus. Lignac
est sur ses talons, devançant Goni et Ardurats alors que Fauconnet
ferme la marche, connaissant quelques difficultés d'adaptation aux
nouvelles suspensions de son Lada. La spéciale suivante sera pour Lainé,
ex-aequo avec Pachiaudi ; à une petite seconde, c'est Briavoine, suivi
des Fouquet de Lignac et Capin. Dans Cruzas on peut lâcher les chevaux.
A ce jeu là, Briavoine frappe fort avec un temps de 11 '39 qui restera
inégalé: les reconnaissances à pied de la veille n'auront
pas été vaines! Il laisse Lignac à 23", alors que
l'on voit apparaître Nantet et son Lada à la 5ème place
derrière Lainé et Rovaldieri. Il faut dire que la partie n'est
pas tellement facile pour lui: « Je n'ai pu effectuer qu'une courte
prise de contact avec la Lada sur la piste de Cergy et depuis on a beaucoup
travaillé. Il est bien évident qu'on ne s'adapte pas du jour
au lendemain à la conduite d'un tel véhicule, sans rapport avec
celle d'un buggy deux roues motrices. Je me suis donné quatre courses
pour être au point; je devrais être bien au Jean de La Fontaine,
premier rallye « roulant » de la saison. Pour l'instant, j'ai
eu des problèmes de tenue de cap à cause des tétines
latérales des pneumatiques; on les a coupées à l'avant
et ça va déjà mieux ».Et Pachiaudi? Après
sa victoire sur le test, on pouvait penser que l'équipage Pachiaudi/Chardin
allait faire un festival de glisse, mais le choix des pneumatiques du pilote
lui posa quelques problèmes au niveau des trajectoires, ce qui le positionna
après la première boucle à la sixième place.
Briavoine, très sûr, continue son « one-man show»
dans les deux spéciales suivantes, grignotant les secondes sur un Lignac
toujours accroché à ses basques. Moins à l'aise dans
Moulin de Chai, il laisse la première place à Lainé,
alors que Nantet termine à nouveau cinquième devançant
une fois de plus Pachiaudi toujours victime de ses pneus.
Retour au parc fermé, vingt minutes d'assistance bienvenues avant la
boucle nocturne comprenant deux spéciales, Cruzas et Nouzeilles. Elles
seront toutes deux à inscrire à l'actif de Briavoine, toujours
très maître de lui et parfaitement à l'aise la nuit. Pachiaudi
a corrigé le tir et truste les secondes places, tantôt devant
Lignac, tantôt devant Capin. Lainé, Rovaldieri, Goni se disputent
les places d'honneur alors qu'on apprend l'abandon de Nantet, boîte
bloquée et d'Ardurats, amortisseur arrière cassé.
Avant "Le confit de canard", on fait les comptes: Briavoine, vainqueur
de 5 spéciales, devance Lignac de 1'40 ; Laine est à 2' 1 0,
Pachiaudi à 2'56 et. Rovaldieri à 3'11. Viennent ensuite Goni,
Aguerre, Vignau-Laulhère, Burgana et le jeune Fabrice Rivet, très
régulier pour sa seconde apparition en compétition.
Pachiaudi domine dimanche
Deux boucles comprenant les quatre spéciales termineront le rallye.
Lignac et Briavoine, les mieux réveillés, n'arrivent pas à
se départager au terme de la première. Pachiaudi, cinquième,
n'aime décidément pas Cabirou, mais il va se rappeler à
l'attention de tous en remportant six scratchs... Briavoine contrôle
sagement alors que Capin et Rovaldieri se déchaînent. Burgana
remonte vers les premiers mais le gué de Louts sera fatal à
son boîtier électronique qui a eu la malencontreuse idée
de quitter son emplacement. Lignac s'est également un peu relâché:
il faut préciser tout de même que c'est pour lui quasiment une
reprise après trois ans d'arrêt de compétition et que
sa performance mérite attention pour la suite du Championnat. même
s'il a laissé la seconde place à Pachiaudi. La bagarre pour
la victoire en groupe 2 tournera à l'avantage de Bergès (Pajero)
devant Rodrigo (Land V8) alors qu'en groupe 4 le Toyota BJ 71 Diesel de Bergara-Fourtillan
s'imposera à La Lada de Duvignau-Monnier, l'une des sept présentes
à l'arrivée. C'est Lansac qui fait la meilleure opération
pour le Challenge malgré une violente sortie de route qui lui coûte
une coque.
Quarante-six véhicules seront classés, l'ultime place revenant
à des débutantes, mesdames Rocamora et Bernai sur un Baboulin
châssis long.
A l'heure du bilan, on ne peut qu'être satisfait à l'issue de
cette première manche du Championnat de France : elle laisse présager
une année 1988 qui sera certainement d'un aussi bon cru que le Madiran
régional! Il est sûr que Briavoine, mûri par une saison
au volant de son Phil's Bug, ayant affiné son expérience en
rallyes-raids, joue gagnant pour le Championnat. Cependant Yves Pachiaudi,
champion de France en 1984 et 85 faut-il le rappeler, est très bien
parti pour lui donner la réplique. Les outsiders sont également
plus nombreux que jamais : les Lignac, Capin, Clévenot et autre Rovaldieri
sont capables de venir jeter le trouble au plus haut niveau. N'oublions pas
les anciens, Lainé, Nickrass, Alessandria qui ne sont pas là
pour faire de la figuration, sans préjuger des performances de ceux
qui n'ont pas encore fait leur entrée en scène... Prochaine
manche : la 13ème Ronde du Labourd qui se jouera en Pays Basque à
l'heure où paraitront ces lignes.
texte : Alain de VITO et Gérard BOURDET
Photos : Robert OLLIVIER et Denis HAMON
Classement général scratch pénalités routières incluses : 1 Briavoine Eric/Patat JC Phil's car 01:46:07,0 . 2 Pachiaudi Yves/Chardin Eric Pachiaudi 01 :47:24. 3 Lignac Jacky/Bos Dominique Fouquet 01 :47:44. 4 Laine Patrick/Cassou Eric Phil's Bug 01 :40:22. 5 Rovaldieri Gelindo & Joëlle Phil'Car 01 :49:37. 6 Goni JP/Noisette Pierre Phils'Car 01 :53:34. 7 Rivet Fabrice/Rovaldieri CM Buggy 01 :55:47. 8 Achériteguy J.L.& Mayie Buggy Proto 01 :56: 13. 9 Ryckeboer A/Danemuller M Phil's Buggy 01:56:14. 10 Dujou J.P/Musset Pascal Strakit 01 :56:29. 11 Vignau Laulmère M/Monteiro Phils'Bug 01 :56:42. 12 Alessandria G.& Nicole Strakit 01 :57:07. 13 Garnier Pierre/Baby Alain Pachiaudi 01 :57:36. 14 Uhart Michel/Arla J.Paul Buggy 01 :59:06. 15 Lacaze P/Guichon P. Fouquet 01 :59:43. 16 Barbe Alfred et Bérangère Proto Essex 02:01 :46. 17 Bernard JM/Louis Alain Phil'Bug 02:01:46. 18 Leclerc M/Clément PY Strakit 02:01:59. 19 Nickrass J.L./Lhomme J. Phil's Car 02:01 :15. 20 Tournemouly Alain & Jacques Tab 02:04: 15
.
25èmes au général pour Bergès et premier du groupe
2 Contraints
à l'abandon, Gardet/Louis sur une Jeep Wyllis
Rodrigo/Pères en groupe 2, 27ème au général Dailhe
Jacques sur un Iltis superbe, 36ème au général