Extraits compilés d'Echappement et de Auto Verte ( Robert Ollivier Texte et photos)
Un trés grand merci à Robert pour une partie de ces documents fournis
L'édition 87, disputée sur un tracé identique à celui de l'année passée, à quelques aménagements près, n'a pas failli à la réputation de l'épreuve : les pluies orageuses des dernières semaines d'août, les nombreuses balades tout au long de la saison ont dégradé une partie des 260 km du parcours (dont 64 km de spéciales) : certains passages, à la grande satisfaction d'un public de plus en plus nombreux, n'ont pas manqué de caractère... Mais la grande nouveauté, c'est la présence, pour la première fois en tout-terrain, de véhicules équipés au GPL, ceci grâce à une dérogation obtenue auprès de la FISA par l'Automobile Club Basco-Béarnais. Ils sont cinq au départ, aux couleurs de Viff-Primagaz, qui assure l'approvisionnement en carburant : Zaniroli (Land Rover de série), Béziat (Toyota FJ401. Chervier (Nissan Patrol), Raymondis et Sanchis (Range Rover). Disons tout de suite que Patrick Zaniroli, associé à Cathy Lousteau, a accompli une performance extraordinaire : 8e au scratch (devant Pierre Philippe), il remporte également son groupe et sa classe. Quant à l'équipage Sanchis-Pochulu, il a amené son Range à l'arrivée, c'est une première!
Les hors-d' œuvre béarnais
Vendredi, 73 équipages s'élancent de Pau pour accomplir les 3 E.S. qui les mèneront au village d'Arette terme de la première étape.
.Après avoir satisfait à l'épreuve de classement, disputée à Pau-Lescar dans la traditionnelle gravière au bord du gave, où Lainé l'emporte d'une seconde sur Lay et Calzavarra, les concurrents entrent dans le vif du sujet avec les trois spéciales béarnaises qui les séparent du parc fermé d'Arête. Philippe frappe très fort et les inscrit toutes à son compte. Il faut préciser qu'il a, pour l'occasion, emprunté, à Rovaldieri, sa monture et son... épouse, Joëlle, qui siège dans le baquet de droite : moins de poids, plus de puissance ce buggy étant équipé d'un moteur Renault 4 cylindres 2,6 1 préparé par les Normands, la recette a du bon! Au classement du vendredi soir, il devance de 1 '07" l'équipage Jacquet-Jacquier (buggy construit sur plan Lay qui a préparé le moteur), le Bordelais Junqua étant troisième sur son proto 4 x 4 ; suivent Lay, Burgana (Fouquet) et Jean Aguerre (Pachiaudi) qui voudrait bien décrocher une quatrième victoire.
L'équipage italien Allais-Pavanello, un habitué des Cimes, se montre le meilleur des « étrangers» (13e) sur un buggy 4 x 4 dont le V6 Ford de 250 ch entraîne les roues arrière par l'intermédiaire de chaînes sous carters étanches : une véritable araignée que ce buggy avec sa garde au sol impressionnante et ses curieuses ailes avant mobiles puisque ancrées sur les triangles de suspension. Malgré un terrain relativement facile, 10 d'entre eux ne franchiront pas la ligne d'arrivée; 63 voitures en course à l'issue de cette première manche, sans casse notable au niveau des favoris, excepté Achéritéguy, victime d'une spectaculaire sortie de route dans la première spéciale (l'an passé, dans cette même épreuve avait signé 5 scratches), et Garat, contraint à l'abandon par un roulement de pompe à eau grippé.Achéritéguy qui, sera l'un des premiers éliminés après une sortie de route quelque peu spectaculaire dans l'E.S. 1. Calzavara (Fouquet), Piollet (Punch 4x4) seront également contraints à l'abandon
Lay sur son proto "feu vert"
Samedi : brouillard et crevaisons
Plat de résistance à la basquaise
Sept spéciales au programme dont une nocturne. La plupart s'achèveront dans le brouillard: seul " le Benou" offrira un rayon de soleil à ceux qui atteindront le sommet. Trois hommes vont se partager équitablement cette journée en signant 2 scratches chacun: Lainé, Lay et Philippe . Le matin, les régionaux réagissent à l'hégémonie normande : Lainé signera les deux premières spéciales et Aguerre s'imposera au Benou, alors que la série des crevaisons commence et que les abandons deviennent plus nombreux. Burgana a perdu ses ventilateurs et Claude Arnoux, l'étourdi de service, le moteur (rupture du support, carrément)... Bidart s'arrêtera là, pont arrière cassé, de même que l'anglais Simmonite. Béziat, voulant tirer son Toy d'une position précaire, apprendra que le cric n'est pas toujours le meilleur ami de l'homme... Quant à Bergara, il laissera sa Jeep proto en équilibre quelque part dans Ayduc. Couillet éprouvant des difficultés, gênera l'ascension de Lainé qui, crédité du 18e temps perd environ 1 '30" sur Lay et Philippe sur cette troisième spéciale. Mais le bouleversement du classement va surtout se jouer dans Ayduc et Teinture. Philippe, toujours très présent, se montrera le meilleur dans Ayduc «spéciale-juge de paix » puisqu'ils ne seront que 46 à parvenir au sommet. Lainé, désireux de prendre sa revanche sur un sort qui ne lui avait pas été favorable l'an dernier, le suit à 8", puis Briavoine, dont le moteur semble mieux tourner, et les deux buggies de Lay et Jacquet. La lutte pour la première place est toujours largement ouverte. Derrière, Zaniroli emmène les« gaz», s'imposant déjà largement dans le groupe qui ne compte plus que les deux Range de Raymondis qui éclatera le pont avant sur une pierre alors qu'il venait de prendre la tête de la cat. 4 devant le Suzuki de Favre(qui cassera dans la liaison suivante) et Sanchis ; le Patrol de Chervier a reculé devant l'obstacle, faute de lames de ressorts. Même punition un peu plus tard pour Pierre Garnier, une des grandes figures du rallye, vainqueur en 81, qui courait cette année avec Claude Pelin : les barres de torsion remplaçant celles qui avaient « fait » huit Cîmes n'ont pas résisté à l'effort...
L'acier allemand n'est plus ce qu'il était, mon bon monsieur!
Aguerre s'en va (ennuis de boîte) également.
Dans Teinture (véritable tournant du rallye) une épidémie de crevaisons s'abat sur Lartigue, Lay, Lainé, Jacquet et Philippe(dues vraisemblablement à un mauvais choix de pression des pneumatiques: 5' 51" de retard sur Lay à Lissiague, 13'37" toujours sur Lay à Teinture où il a dû passer les roues avant à l'arrière pour pouvoir continuer! S'en est fini des chances du Normand). Lainé et Philippe changent de roue dans la spéciale perdant respectivement 9' et 13' sur le premier qui n'est autre que Lay qui par chance a crevé à 500 m du sommet en doublant Lartigue: "Lartigue s'est mis de côté, je suis sorti de ma trajectoire pour le passer, là j'ai tapé dans une grosse pierre que cachaient les fougères, j'ai rebondi sur la piste et j'ai bien fait vingt mètres sur deux roues; arrivé au sommet un gars s'est proposé de nous changer la roue avec son cric rapide; on est reparti en liaison sans vérifier; on a perdu la roue et éclaté l'étrier de freins; il a fallu consacrer toute la durée de l'assistance à réparer cela et on n'a donc pas pu vérifier le support moteur... » Briavoine et Bernad seront épargnés par les crevaisons dans cette E.S. et se placeront respectivement 2e et 3e
Au terme de ces deux premières journées, Lay prend la tête avec 56 petites secondes d'avance sur Briavoine; puis vient Jacquet, très régulier depuis le début, et Bernard à une poignée de secondes, puis Vignau, Lartigue, Couillet et Zanirolli. Lartigue, qui court pour la première fois ici, est cinquième à une seconde de Vignau-Laulhère, alors que ça gaze plus que jamais pour Zaniroli huitième devant l'Anglais Smith sur un proto Rover. Les crevaisons de Lainé l'ont relégué à la dixième place devant Bonneu, qui, malgré le soutien du team palois Oxy-Gaz, ne prendra pas le départ le lendemain, son radiateur d'huile étant à la limite de rendre l'âme. Philippe est relégué à la treizième position, juste devant Raulet (Toyota) et Favre toujours surprenant d'efficacité avec son Suzuki Groupe 4.
Philippe remporte l'ultime épreuve de la journée, une spéciale en nocturne de 1,1 km, la spéciale de nuit courue à Licq-Atherey devant l'hôtel de Sauveur Bouchet, le « fondateur » du rallye.
Pierre Lartigue avoue que la description qu'on lui avait faite était pire que la réalité mais que cela reste une épreuve difficile qu'il faut aborder de manière différente, une épreuve où plus qu'aillieurs il faut savoir se maîtriser. "J'aimerais bien revenir avec une auto mieux adaptée : j'ai les chevaux en haut et ce n'estpas la bonne solution ". Briavoine quant à lui se plaint de la carburation: "A haut régime c'est bon mais en bas ça "ratatouille". Nous avons changé les pipes d'échappement et nous avons manqué de temps pour des réglages précis. Pour les cardans, l'utilisation de demi-arbres plus longs semble être le bon remède. "
Bernad disputa la dernière journée sans embrayage, Dans ces conditions sa 3' place scratch est un exploit.
Dimanche : le jugement de la Madeleine
Coup de théâtre
Le soleil est enfin là : quelques brumes subsistent au sommet des cols mais rien de comparable avec la veille. 6 spéciales restent à courir et les 35 rescapés sont loin d'être à l'abri du mauvais sort. Lartigue galère dans les deux premières, toujours à cause des crevaisons, autre crainte, le pilote "feu vert": malgré une défaillance des supports moteur qu'il cherche à pallier par des sangles, Lay est décidé à sortir le grand jeu : il veut la victoire à tout prix! Mais Briavoine est également au rang des prétendants et le combat entre ces deux pilotes sera hallucinant. La première spéciale du dimanche matin, c'est pour Lay; la seconde pour Briavoine qui récidive dans Occabé. La 205 Turbo fait merveille dans Iraty, mais il ne prend que 4" au Renault-Mécatechnic de son adversaire, Lartigue étant troisième à 15". Entretemps, on a perdu Couillet, victime d'un bris de croisillon d'arbre de transmission, Jacquet, bris de boîte, et aussi Junqua, Sandret victime de son embrayage, alors que les crevaisons continuent pour Lainé et Lartigue, entre autres... Goni abreuve son embrayage de Pepsi-Cola : il parviendra à l'arrivée par ce biais, même cure pour Bernad qui voit son embrayage faiblir, heureusement le Coca-Cola fait des miracles. Malgré de bons temps, Lay sent son moteur réclamer une certaine indépendance. Fort heureusement toute l'assistance de Jacquet se joint à celle du pilote" Feu-Vert» pour arrimer le Turbo 16 et préserver ainsi les précieuses secondes. L'opération semble aboutir:
Les deux dernières spéciales, les traditionnelles montées de La Madeleine seront donc décisives. Philippe et Briavoine signent le meilleur temps dans la première : 7' 15". Lay est troisième à sept petites secondes, suivi de Lartigue. A ce moment, il reste un capital de 46" avant la dernière E.S de la Madeleine. Personne ne voit par quel moyen le Normand pourrait remonter un tel handicap. Avec un temps de 7'22" pour sa seconde montée, Lay pense s'être mis définitivement à l'abri. Hélas, ce sera loin d'être suffisant : Briavoine améliorera de 47" le temps de son adversaire. Faites les comptes : il reste 1" d'écart mais à l'avantage cette fois de Briavoine. Pour bien montrer que cela ne relève pas du hasard et que nul ne doute de son temps canon, il tombe à nouveau le record dans la 3e montée (hors course) et termine ainsi en 6'21" soient 54" de mieux que dans la 1ère ascension. C'est propre, c'est net et pourtant ça décoiffe!
La lutte aura également été très chaude pour la troisième place entre deux buggies 4 x 2 :
Francis Bernad (Pachiaudi-Porsche) l'emportera malgré une fin de course époustouflante de Vignau-Laulhère (Phil's Bug-Porsche) qui échouera pour 12" alors qu'il avait près de deux minutes de retard le matin. Ils ont réalisé tous deux une course magnifique et sont les deux seuls de leur catégorie dans les 14 premiers. Lartigue qui effectuait là sa dernière épreuve du championnat de France se classe 5e malgré tous ses déboires en devançant Lainé qui a certainement établi le record des crevaisons. Zaniroli remporte haut la main la cat. 2 et termine sur les talons de Smith (vainqueur en 83 associé à Willis) qu'il a dû laisser passer après avoir cassé les collecteurs d'échappement. En dixième position, c'est Michel Uhart, un régional, un véritable amateur qui a construit son buggy, un 4 x 4 équipé d'un PRV central, s'il vous plaît! Heureux d'être à l'arrivée car, la veille, il devait changer de batterie entre chaque spéciale... Contrat rempli pour le Charentais Camblong que les 170 ch de son Toyota proto ont amené à la onzième place devant Ridley-Marlow, autre équipage anglais. La cat. 4 revient encore une fois au Suzuki de Favre Favre, treizième au scratch, il remporte le Groupe 4 (et sa classe) devant Perret-Gallix (dix-septième) dont la Lada a été victime d'une épidémie de bris de biellettes de pont AR qui l'a handicapé tout au long de l'épreuve. devant Perret Gallix qui est donc désormais le vainqueur du Challenge Lada.
Smith (7'), un abonné au Pays Basque.
Tradition, pari, nostalgie
Perpétuant la tradition des Cîmes, les Jeeps, Hotchkiss et autres Cournil, ont disputé une véritable course dans la course: Terren (Jeep proto PRV, 18 participations) " l'emporte" avec sa 19" place au scratch devant Bergerot (22") qui sauve l'honneur des Cournil, Alain Cournil ayant abandonné la veille.
Une autre « première " bien sympathique, celle réalisée par l'équipage Oyhenart-Duhau qui amènent à l'arrivée une Méhari proto, gagnant leur classe au passage: véhicule construit par le pilote, équipé d'un bicylindre d'Ami 8 devant et d'un 4 cylindres de GS derrière, ce qui en fait six, à plat comme les Porsche... et ça marche, la preuve! N'en concluez tout de même pas que c'est le véhicule idéal pour le scratch.
Dans le cadre des paris pas si stupides que ça, notons celui des Charentais Herbert et Bodin qui ont "fait" les Cîmes sans chaîner, faisant confiance à leurs Babs ; ils sont 14" au scratch, se permettant même un quatrième temps dans La Madeleine: pas si mal que ça pour une première participation, en deux roues motrices, qui plus est.
Et s'il fallait terminer sur une note nostalgique, nous parlerions de l'absence au départ de Etchecopar, le vétéran des Cîmes, qui a donc raccroché cette année, et de l'émotion de Jean-Claude Briavoine, qui connaît bien le rallye pour l'avoir disputé cinq fois, lorsqu'il a appris la victoire de son fils Eric...
29 concurrents seront finalement classés soient 40 % des partants. L'organisation a dans l'ensemble été à la hauteur, on regrettera toutefois qu'aucun classement ne fut affiché le vendredi soir faute d'ordinateur;
Un rallye de renommée internationale se doit de faire un effort dans ce sens et même arriver à fournir un classement de la dernière E.S. courue avant que les pilotes ne s'engagent dans la suivante. Cette pratique est, il est vrai, peu courante en tout-terrain mais elle existe.
Fiche technique 31' édition, les 4,5 et 6 Septembre 1987.
Organisé par l'AS.ACBB et l'Ecurie des Cimes. Parcours: 260 km dont 63,5 km de spéciales. Engagement: 1500 F. Prix distribuables: 53 500 F. Partants: 73. Classés: 29. Palmarés: 86: Aguerre - 85:
Pachiaudi - 84: Iribarren, etc...
Classement général 1. Briavoine - Patat (Phil's car) 1
h 40'59" (l' catégorie 6) - 2. Lay - Grivet (Lay proto) 1 h 41'00"
- 3. Bernad Burnier (pachiaudi 4x2) 1 h 46'53" (1 'catégorie 5)-4.
Vignau - Monteiro (Phil'scar) 1 h 47'05" - 5. Lartigue -Chamarac (Lada)
1 h 51'28" - 6. Laine - Cassou (Phil's car) 1 h 55'59" - 7. Smith
- Wilkins {Range Rover} 1 h 56'17" - 8. Zaniroli - Loustau {Land Rover}
1 h 57'51" (1' catégorie 2) - 9. Philippe -Roualdieri (phil's car)
1 h 58'09" - 10. Uhart -Aria (Buggy proto) 2 h 7'46" - 11. Camblong
-Bellet (proto rai) 2 h 12'33" -12. Ridley - Marlow (Ridley Proto) 2 h
13'33" -13. Faure - Sanchez (Suzuki SJ 413) 2 h 14'56" (1' catégorie
4) -14. Herbert - Baudin (Buggy Flac) 2 h 15'49" -15. Tronchan - Collas
(Toyota FJ 40)2 h 19'40" - 16. Raulet - Ravanne (Toyota FJ 40) 2 h 21'24"
- 17.Perret - Galland (Lada)2 h 24'15" -18. Tournemouly - Cazaux (Buggy
Tab) 2 h 25'52" - 19. Terren - Lapeyrie(Jeep Proto) 2 h 27'28" - 20.
Rodrigo - Latchere (Land Rover V8) 2 h 29'05" - 21.
Oyhenart - Duhau J. (Mehari Proto) 2 h 42'53" -22. Bergerot -lrigoyen(Cournil
SCE 14)2 h 43'45" - 23. Rascheni - Vioche (Jeep Proto) 2 h 45'43"
-24. Sagara - Bessonneau (Suzuki LJ 80) 2 h 46'59" - 25. Marin - Pedehontaa
(Hotchkiss) 2 h 47'42" -26. Costes (Cournil) 2 h 50'22" - 27. Goni
- Noisette (Buggy 4x2) 2 h 58'12" - 28. Romain - Gillier (Toyota EJ 42)
3 h 01'26" - 29. Sanchis -Pochulu (Range Rover) 3 h 29'47".
![]() Mention spéciale pour Oyhenart qui réussit à rallier l'arrivée avec sa Méhari bi-moteur. |
![]() Excellente course de Camblong et de son magnifique Toyota 4.5 L. |
Les "Rockies" des Cimes
Aux USA, le qualificatif de « rockies .. s'applique aux pilotes qui participent pour la première fois au Grand Prix d'Indianapolis. Vu la signification (voir votre dictionnaire préféré au cas où...), le choix de Pike's Peak aurait été plus judicieux. En tout état de cause, quand on parle des Cimes, ce n'est pas un contre-sens... Ceci étant dit, allons tout de suite en retrouver quelques uns.
C'était le dernier rallye du Championnat de France que Pierre Lartigue disputait dans le cadre de son contrat avec Lada. Il faut souligner que sa participation a été possible grâce à la compréhension de Jean-Jacques Poch qui n'est pas resté insensible aux arguments de son pilote, des organisateurs et du Team Lada Sud-Ouest, toujours sur la brèche. .
"Les Cimes c'est l'image même du rallye tout-terrain, comme le Monte-Carlo pour le goudron. Aussi, courir cette épreuve, je pense que c'est le rêve de tous les pilotes de la spécialité. J'ai découvert cette région que je ne connaissais pas et j'en ai tiré un grand plaisir. L'ambiance basque, c'est vraiment différent : les gens sont sympathiques, accueillants et le rallye est une fête. J'ai retrouvé ici avec un grand plaisir les gens que j'ai connu quand j'ai disputé le Labourd, qui sont maintenant devenus des amis. Nous nous sommes bien amusés, en particulier grâce à Bubuche (Robert Burnier}, le coéquipier de Francis Bernad : il nous a tant fait rire qu'on prenait le départ des spéciales avec les larmes aux yeux 1 Côté course, la physionomie de l'épreuve est bien particulière : c'est vraiment un rallye tout-terrain et pas un rallye sur terre. " a pleinement sa place au Championnat de France, car c'est l'image même du tout-terrain français : sa discipline est comme ça, son terrain est dur, il faut l'accepter. Celui qui ne veut pas le faire, eh bien, qu'il reste à la maison ! Objectivement, il n'est ni plus ni moins cassant que les autres: je crois plutôt que certains pilotes ont peur du vide, c'est ça leur crainte. De touts façon, ceux qui ont cassé ici auraient de la même façon cassé ailleurs: les Cimes, c'est par endroit des pierres et il faut avoir les pneus adéquats. Les crevaisons, c'est par manque d'expérience ; il Ir a un apprentissage à faire et pour ma part j'ai fait une grosse erreur dans le choix des pressions: je pensais qu'il fallait 2 kg, alors que c'est à 2,5 kg que je ne crevais pas ! Je suis pour ma part pleinement satisfait d'avoir fait ce rallye et de l'avoir terminé, même si ma voiture n'est pas l'engin idéal.
Si je trouve un buggy, je reviendrai certainement l'an prochain ".
Le Charentais Jacky Herbert et son coéquipier Claude Bodin sont bien connus dans le milieu du tout-terrain, non seulement comme pilotes mais aussi comme organisateurs du rallye Dunes et Marais.
Leur opinion est sensiblement différente de celle de Pierre Lartigue, mais laissons plutôt Jacky Herbert en parler:
" Le rallye par lui-même est très dur, et particulièrement cette année, d'après ce que j'ai entendu de la bouche de ceux qui ont l'habitude de le faire. Pour ma part, je viens en spectateur depuis dix ans, mais de ce point de vue là, il est difficile de s'imaginer ce que c'est: les difficultés s'enchainent les unes derrière les autres, sans répit et les machines souffrent beaucoup.
Je comprends mal que certaines liaisons soient plus dures que les spéciales, ça n'apporte rien. Qu'il y en ait de difficiles, comme la descente de Teinture, parce qu'il n'y a pas d'autre chemin, soit, pas de problème. Mais quand il y a le choix, autant passer ailleurs...
C'est un rallye exceptionnel dans le cadre du Championnat de France, il n'a aucun rapport avec les autres épreuves, et je peux dire que, vu sous cet angle, ce n'est pas évident qu'il y ait sa place. " y a aussi de très belles spéciales, Iraty par exemple, mais également La Madeleine; si tout était comme ça, ce serait formidable.
Pour ma part, je suis venu là dans l'optique de faire un maximum de spéciales. Terminer comme on l'a fait, c'est encore mieux, on est comblé' Par contre, à chaud, comme ça, je ne sais pas si je reviendrai quand je pense à ce que l'engin a souffert. Mais avec le temps... ".
Terminons ce tour des Cimes avec un Savoyard, Philip Perret-Gallix, leader du Challenge Lada, dont le témoignage est en quelque sorte une synthèse entre les différentes opinions:
" C'est la première fois que je fais les Cimes. C'est véritablement le plus beau rallye au niveau du cadre, des paysages, des gens. Au niveau des difficultés, c'est parlois extrêmement dur. Mais je finis, 17", donc un peu déçu tout de même car j'ai éclaté un Bab dans le dernier chrono, ce qui m'a fait perdre 4' et le groupe. Cependant il ne faut pas être plus royaliste que le roi: je conforte ma position au Challenge, je reste quatrième au Championnat, je suis content' Le Benou et Orgambidesca étaient des spéciales très difficiles, mais celle qui m'a le plus gêné, c'est Ayduc. La mécanique souffre beaucoup sur les caillasses : trop de chocs, de reprises d'adhérence violentes, c'est ça que je n'aime pas. Superbe, par contre, Iraty où on pouvait rouler, ce qui me convient parfaitement. A côté de ça, j'ai trouvé que les gens étaient très sympa. " y a une entr'aide qu'on ne trouve pas ailleurs et le public est très sportif.
Incontestablement, c'est un rallye qui a sa place au Championnat de France. Pour moi qui n'aime pas vraiment le terrain des Cimes, je trouve que c'est l'épreuve-reine, la seule qui reste véritablement du tout-terrain.
C'est une grande classique, comme le ParisDakar pour l'Afrique, et une référence: il faut faire les Cimes, il faut surtout pouvoir les finir. C'est le label' Et puis l'expérience est obligatoirement enrichissante : j'ai appris des tas de choses et, en particulier, à savoir lever le pied; c'est ce qu'il y a encore de plus difficile: assurer, ménager l'auto, regarder sans arrêt où l'on met les roues, penser à la transmission, ne pas en " mettre" trop... Il ne faut pas croire pour autant que l'on peut venir aux Cimes comme en balade:
il faut savoir rester placé, courir avec le terrain mais aussi courir avec sa tête,sic; encore plus qu'ailleurs... Je repars heureux de cette expérience, la tête pleine de souvenirs inoubliables >.
Dans la spéciale de La Madeleine, l'équipage Vignau-Monteiro avec un Phil's Car bien chainé,s'est permis, par instants, de survoler l'épreuve...·
Zanirouléguy (Zani à la manière basque) a réalisé une excellente performance au volant de sa Land à gaz.
Ah, l'air " Viff » des Cîmes...
Le groupe Primagaz a, depuis l'an dernier associé son nom au rallye des Cimes. Cett~ année, l'opération a pris plus d'ampleur puisque cinq véhicules équipés au GPL participaient à l'épreuve. Deux d'entre eux étaient à l'arrivée à Tardets, le Land Rover de l'équipage Zaniroli-Lousteau (S· au scratch, ,., de groupe et de classe) et le Range Rover de Sanchis-Pochulu (29· au scratch).
Patrick Zaniroli :
" Le rallye des Cimes fait partie de mes accords de début d'année avec Viff-Primagaz, pour qui je devais assurer quatre opérations de promotion dont le Paris-Bagnoles de l'Orne, le salon de Val d'Isère, la Ronde des Corbières et quatre rallyes en compétition, l'Atlas, la Baja, les Pharaons et le Dakar. Initialement, ce retour aux Cimes c'était pour moi l'occasion de m'amuser un peu. J'ai donc cherché un buggy à louer pour jouer la gagne. Ça n'a pas été possible vu les exigences prohibitives des uns ou le manque de dynamisme des autres. Aussi, la décision a été prise d'engager une voiture de série équipée au gaz et d'essayer de gagner le groupe. Des contacts ont été pris avec Henri Lousteau, concessionnaire Land Rover à Pau-Lescar, qui s'est chargé de la préparation du véhicule et m'a fourni le copilote, en l'occurrence sa fille. Je venais donc là assez cool, puisque l'enjeu n'était pas aussi important que pour un rallye africain par exemple, où l'on est plus crispé du fait de ses responsabilités et où l'on est beaucoup plus professionnel. Et puis au départ, je ne savais pas à qui et à quoi on allait se heurter, si on allait être 2 ou 20 dans la catégorie... Bon, il s'est trouvé que, très vite, on a été bien classé, je me suis laissé prendre au jeu et ça m'a bien plu f En toute honnêteté, on a presque tout le temps marché au gaz : ça va franchement aussi bien que l'essence, c'est même plus souple ce qui est l'idéal en
tout-terrain. J'ai couru cinq ou six fois le rallye des Cimes et cette nouvelle participation m'a rappelé de bons souvenirs. Je l'ai connu au zénith, puis il a eu des hauts et des bas.
Depuis deux ans, il renait de ses cendres, je le retrouve donc en pleine gloire, comme je l'ai quitté, c'est un grand plaisir ".
Philippe Sanchis est venu aux Cimes par la cc filière.. Primagaz et c'est sa première apparition en compétition. Ce qui ne veut pas dire pour autant que ce jeune directeur de la société Technicentrauto à Montrouge manque d'expérience: pratiquant le sport automobile par plaisir, il a effectué nombre de raids qui lui valent un bagage certain en tout-terrain et une bonne connaissance de l'Afrique. Pas de problème pour le Range qui sort de ses ateliers, spécialisés dans la préparation des 4 x 4 et dans les équipements aux gaz tant pour les particuliers que pour les flottes captives. Aussi a-t-il abordé le rallye sans trop d'appréhension:
"Mon objectif était d'être présent à l'a"ivée, ce qui est une gageure car le Range Rover n'est pas la voiture' idéale pour ce genre d'épreuve: c'est un peu l'éléphant dans le magasin de porcelaine, et personne n'avait jusqu'alors réussi à en amener un jusqu'à l'a"ivée. J'étais tout de même un peu anxieux au départ : peur de l'inconnu, de la casse, mais dès les premières spéciales j'ai été rassuré. La voiture restait très agréable à conduire sur un tel te"ain. Mon seul problème : je ne pouvais guère aller vite vu le gabarit: ce n'est pas évident de faire passer un Range dans Teinture f De toute façon si cela avait été possible, j'aurais peut-être cassé: la preuve, dans la spéciale d'Iraty, le seul endroit où j'ai pu allumer un peu, j'ai éclaté un pneu sur un caillou.
J'ai trouvé le site merveilleux, le te"ein fabuleux, même si je me suis fait quelques petites émotions dans les ornières d'Occabé où l'on a roulé de temps en temps sur deux roues f Je reviendrai, avec un buggy puissant si j'ai le choix, et pourquoi pas équipé au gaz ..."