RALLYE TOUT TERRAIN-CHEMINS CREUX Yvonnick Jambon (texte et photos)

Considérée comme l'une des épreuves du championnat les plus spectaculaires, les Chemins Creux ont paru cette année bien tristes.Décidément, les dieux de la météo ont décidé de ne pas être cléments avec le Championnat. Les Chemins Creux, parmi l'un des plus beaux rallyes de la saison qui, d'habitude, se déroule sous un soleil de plomb, a connu un véritable déluge. L' organisateur Jean Follet a fait le maximum pour sauver son épreuve, devant supprimer plusieurs boucles.Exit donc le côté kermesse sur fond de grillades, exit les chemins poussiéreux sous le soleil ardant, et place aux parapluies et aux " marécages ".Une météo qui n'arrangeait pas Pierre Lartigue. En effet, ce dernier comptait bien régler le compte des buggies sur ce terrain très roulant et habituellement, je dis habituellement, très sec. Quant à Nantet, il place encore son Strakit à la première place sur un terrain des plus défavorables.

Le samedi, le temps était plutôt frais, mais quelques averses entre deux rayons de soleil annonçaient une épreuve copieuse. Près de 150 partants (eh oui, le TT va bien) prenaient le départ du prologue à Coulonges avec tous les habitués;
plus le retour de Lainé, le vice-champion 86, et la présence d'Arnoux, seul absent de marque Rivet. L'épreuve de sélection connaissait déjà des rebondissements.
Eric Briàvoine déboitait un cardan arrière gauche à 20 m du départ, finissant sur le pont avant. Il se faisait remorquer avec une corde, en première au frein moteur (le cardan ayant arraché le flexible du frein arrière) mais ce petit tour encrassait les bougies. Après avoir réparé, il mettait l'auto en parc fermé, mais lorsqu'il fallut prendre le départ de la première boucle, il ne put jamais démarrer: «Je me suis fait aidé et ils m'ont compté une heure de pénalité, donc je n'ai pas pris le départ de la spéciale de nuit» (certains parlaient de vengeance de certaines personnes suite à l'affaire du Cidre et Pommiers 86, si c'est le cas, c'est vraiment « petit» !). Lainé, quant à lui, se retrouvait bloqué (65ème). la journée commençait mal. Poincelet, bloqué aussi, terminait (28ème) avec son buggy retransformé en 2 roues motrices pour des raisons de réglage... La direction de course, après les blocages du prologue, autorisait le montage des « Bab ». Il faut signaler que sur le règlement, leur usage n'est pas autorisé et il n'est pas précisé que la direction de course peut donner son accord à tout moment. Les habitués du championnat connaissent ces subtilités, mais ies petits nouveaux tel Pierre Lartigue, n'avaient pas envisagé cette éventualité, évidemment. Le samedi, Nantet montait des maxi-cross de chez Hytrack, des pneus semblables au Bab Cross en 16 mais équipés de tétines sur les côtés (encore plus efficaces dans la boue).
Après avoir mis ces « pantoufles crantées », le père Gilles s'adjugéait tous les scratches du samedi et de la nuit (4) : « Le terrain n'était pas encore trop gras, ça glissait, mais ça roulait quand même, ,si le terrain avait été beaucoup plus sinueux, du style première et seconde, je me serais fait distancer. Là, j'étais à l'aise ».
Les Philippe (alias les métronomes), ne connaissaient pas de problème, leur stratégie consistait à laisser partir Nantet devant, pour eux, l'important était de marquer des points, de plus, ils reconnaisaient que le Strakit allait plus vite. Chaussé en Bab, le petit moteur du Philis Bug avait du mal à rivaliser (un peu juste en puissance). Ils signaient toutés les secondes places du samedi.Lartigue, pour sa première participation, espérait un terrain sec mais, vu les conditions et le fait de he pas avoir de Bab, il ne put exploiter l'auto. Nantet avouait qu'avec de bons pneus, Lartigue aurait été dangereux. Samedi, Pierre était dans les 5 premiers , faisant même des 3" temps scratch, il restait satisfait des performances de l'auto, vu le terrain peu favorable et le poids de la Niva. Mais, dans la spéciale de nuit, après une partie très rapide, il y avait un virage serré: « Je suis passé le plus lentement possible, mais avec mes pneus, je suis parti sur le côté, l'auto s'est couchée dans un fossé et je n'ai pas pu repartir, c'est un tracteur qui m'a ressorti: abandon! ;;.
Lainé connaissait des problèmes d'éclairage dans la spéciale de nuit, il ne lui restait plus que deux phares mais il signait cependant le 3e temps. Desjouis, toujours à l'apprentissage sur son nouveau Phil's Bug 4 x 4 réalisait un prologue asez médiocre (16") ; il se trompait ~ur la distance, s'arrêtant un kilomètre avant la ligne d'arrivée. Il naviguait ensuite autour de la 1 3" place et finissait 4" de la spéciale de nuit, le tout sans Bab...
Le dimanche matin, sur un terrain très gras, les Philippe faisaient les deux scratches mais ne reprenaient qu'une seconde, chaque fois à Nantet, ce .dernier ayant creusé un écart trop important le samedi, ils décidaient d'assurer, Nantet s'appliquait pour éviter de sortir, il faisait quand même le scratch de la 3" spéciale, et contrôlait son avance, effectuant des 2" temps scratch. La victoire était amorcée (une de plus !). Les Philippe occupaient la 2" place finale. Alors que Desjouis, après avoir monté des Bab gagnait deux spéciales en signant de très bons temps. La prise en main de l'auto n'a pas eu l'air de poser de problème. Un Desjouis de plus en plus motivé sur une saison 87 complète.
Arnoux, toujours seul à bord, après avoir fait un très bon prologue (2") « était en mal» avec des problèmes d'embrayage dans les deuxième et troisième spéciales. Il décidait de continuer en assurant et se retrouvait 20" avant l'épreuve de nuit. Après avoir résolu le mal (c'était la protection de la durite de la fourchette de boité qui gênait et faisait patiner l'embrayage), il terminait 7" de la spéciale de nuit, se retrouvant 11" au général après celleci et ensuite, il effectuait une course régulière remontant à la 8" place au général.
Le moteur (très puissant) de Lainé prenait l'humidité mais il assurait quand même une belle 4" place. Fimbel (Strakit), tout comme Lartigue, connait une année noire, alors qu'il avait effectué une !:Jelle course entre 4" et 5".
Le dimanche, il avait des problèmes avec sa soupape d'échappement, dans la dernière épreuve après avoir couru les 3/4 de la spéciale, le moteur tournait sur 3 cylindres, et il ne put finir la spéciale (si près du but, c'est rageant). Après un honorable prologue (7"), Rovaldieri n'a pas connu de problème, sur un terrain peu à son goût, (il n'aime pas le gras), il a assuré pour ne pas casser l'auto et terminait g". Duhéron et son Flac occupent la 5" place, Varangle et Vernier prennent les 6" et 7e places. Perret-Gallix et son Lada Groupe 4 se sont retrouvés bloqués par Briavoine au prologue, et donc étaient relégués encore une fois en 100" position, après une brillante remontée, il finissait à la 26" place. Pénicault, 1"' cat. 2, plaçait sbn Pajero à une belle 18" place.
Perret-Gallix conforte son avance au challenge Lada, il est à deux doigts du titre, en effet, le second, Lansac, serrait son moteur après avoir éclaté son carter d'huile suite à une casse du support moteur.
L'organisation a fait son possible pour sauver les meubles, il y eut du travail; ils ont modifié les heures de départ, et supprimé quatres boucles le dimanche. Naritet reprend la 2" place à Briavoine au Championnat.
Eric attend impatiemment Chalosse pour remettre les pendules à l'heure. Nous, on souhaite que le terrain soit plus sec pour que Lartigue fasse parier la poudre et nous donne un duel d'anthologie avec les buggies. .

Fiche technique

14' édition les 18 et 19 juillet 87, organisée par J'ASA des Chemins Creux, compte pour le championnat de France des rallyes TT (6' manche) et pour le challenge Lada.
Parcours sous forme d'une boucle de 25 km comprenant 3 ES (1 km, 6 km et 18 km): 1 tour le samedi, 5 le dimanche plus une spéciale de nuit. Départ et arrivée à Coulonges sur Sarthe(61). Partants 146.
Classés 70. Prix 36000 F. Conditions atmosphériques: pluies et éclaircies le samedi, et averses le dimanche. Palmarès: 1983: 80nnin (Buggy 3 LI - 1984: Philippe (Phil' Bug) - 1985: Poincelet (Punch) - 1986 : Nantet (Bug. Porschel. .


Classement challenge Lada

après Chemins Creux

1. Perret-Gallix 37 pts - 2. Lansac 20 pts - 3.
Lefebvre 16 pts - 4. Fauconnet 10 pts - 5. Frange 9 pts - 6 Pottier 9 pts - 7. Bernard 8 pts - 8.
Nicollet 6 pts - 9. Berthelier 5 pts - 10. Verlhac 5 pt s, etc...


Vivien, le régional du challenge lada,


Nerguisian, un pilote au tempérament prononcé, fut l'auteur de bons chronos avant son abandon

Echos du parc

Lainé: C'est un beau rallye, on a peu roulé, mals ce n'est pas la faute de l'organisateur. Je vais faire les Cimes. Chalosse et Dunes et Marais.. Cette année. on se repose un peu par rapport à l'an derrnier (i1n'a effectué que trois courses de championnat, cette année).
l'année prochailne : peut être un peu plus de courses dans le championnat.
Blinaut : Le parcours est marrant, moins cassant que les autres années à cause de la pluie; c'est un beau rallye et Je ne suis pas déçu. J'ai monté des Goodrich. vu le temps, mal. il fallait des Babs on n'en avait pas, donc on a « plongé.. (12ème).
Poincelet : Le moteur (Alfa ne tire pas ce qu'il devrait, donc on va le faire régler par celui qui l'a construit : Luidji en Belgique. on va essayer d'avoir un maximum de puissance aux Aravis.
Nous sommes passés de 4 x 4 en 4 x 2, avec la saison de déveine qu'on a passé depuis. le début du championnat. on a pris. la décision la semaine avant la course, vu le beau temps, de mettre l'auto en 4 x 2, pour reprendre confiance en nous, le train avant nous chiffonne un peu.
Après avoir repris confiance en nous. on « secouait " l'auto comme au bon vieux temps, dan. la 3ème spéciale du dimanche, dans un grand bout de goudron (beurk.!) de 800 m, on a perdu les plaquettes de freins arrière et quand j'ai freiné, il n'y avait plus rien. alors là. grosse frayeur ! J'ai appuyé deux fois et j'ai fait un monstrueux tout droit. Malheureusement, les organisateurs n'avalent pas pensé à ce genre de chose.
Bilan de l'opération: il y avait un gros rouleau de paille et derrière se trouvait un C25 de commissaire, donc nous avons poussé la barrière, le rouleau de paille et on a percuté le C25, je crois que cela devient une routine aux Chemins Creux: un véhicule de commissaire tous les ans. Vraiment une grosse chaleur, on était à 8000 tr/mn en 5". soit 160-170 km/h, et quand tu appuies et qu'il n'y a plus rien, je peux te dire que tu as très peur.
J'ai appuyé tellement fort sur les pédales que ces dernières ont traversé le plancher. Je me suis arcbouté dans le siège et je me suis fait une extension des ligaments du dos.
I.artigue : Ici, je ne marque pas de point et je risque de reculer au classement. j'aurai aimé que ça marche et terminé en fin de saison dans les trois premiers. Etant donné que je fais les Cimes et que d'autres ne les font pas, j'espère bien finir. Pour la première participation de Lada-Poch en Championnat de France, c'était un banc d'essai, je découvrais tous ces rallye, à chaque fois, j'apprends, de plus, je n'ai pas vraiment l'habitude de la boue. On est parti pour essayer de mieux faire et d'arriver dans les trois premiers pour être récompensé par la Fédé !
Peut-on compter sur la présence de Lada en 88 dans le championnat arec une auto qui peut battre régulièrament les buggies ? Nous n'avons pas l'expérience des autres pilotes et la caisse est trop lourde, mais on peut encore l'alléger. Il faut des pneus adéquets. En ce moment, on fait un proto qui peut-être bon pour le championnat, il sera super léger et je pense que si le lada fait toutes les épreuves et qu'il ait la chance de finir tous las rallyes, il pourrait faire de trés bons résultats.
Le proto? C'est un proto da Roger Robert, ça fait trois ans qu'iI y pense et là, Il travaille dessus. Le TT pour nous est un banc d'essai on fait beaucoup de courses. A chaque sortie, on met des pièces nouvelles pour penser eu Paris Dakar. J'espère que lada continuera le championnat, . cela permet de se situer par rapport aux autres et on esit obligé "d'appuyer". De même pour le challenge, c'est important car tous ceux qui y participent viennent nus voir.On leur donne des conseils, et ils sont heureux d'avoir une Niva qui marche Parmi les 10 premiers en buggies. Aux Chemins Creux, il y a bien 12 % des autos qui sont des ladas, c'est important !

Un tour de Spéciale avec Pierre Lartigue (à lire absolument)

Ayant abandonné, Pierre me proposait de monter avec lui pour effectuer deux spéciales du dimanche après-midi en tant qu'ouvreur. Copieusement senglé, équipé de mon appareil photo, on partait sur un terrain que je qualifiais de gras ( et c'est un euphémisme). Première, seconde, on sent le moteur respirer (300 ch ça cause), petit sourire complice de Pierre, et c'est parti. Petit détail : vu l'état du parc, Pierre avait mis des bottes, genre de " godasses" peu pratiques, " mais je ne vous raconte même pas comme ça ne l'a pas dérangé". Une seule technique: la pédale collée au plancher, et bonjour la valse. De la glisse, rien que ça, sur la vingtaine de kilomètres de spéciale, si l'auto est restée droite 500 m, c'est un vrai miracle.
Longs travers, appels, contre-appels, Pierre sant l'auto sous-virer, petit coup de frein à main, et ça repart dans l'aute sens. Yaouh ! ! Un vrai régal d'autant plus que las pneus sont complètement inadaptés, Lartigua fait le spectacle et de l'habitacle, on sent les spectacteurs qui se régalent. Plusieurs fois, entre des passages d'arbres, je me dis, là c'est bon ! Que nenni ! Ça passe au plus juste, mais ça passe. Les roues patinent à l'accélération, on se retrouve dans un chemin très étroit plein d'ornières, Pierre monte les rapports, un bon 140, un peu plus au bout de la ligne droite, les flaques de boue recouvrent le pare-brise. Je n'y vois rien, je demande à Pierre : " Comment fais-tu ? ". I1 éclate de rire: "je n'y vois rien non plus ! ".
et il attaque de plus belle (glups).
Les deux bouches d'aération du toit (spéclal Afrique) n'ont pas été bouchées et tous les deux, on se retrouve repeint de la tête au pieds. On attaque une partie très rapide et assez technique, qui slalomme entre des rouleaux de paille, tout en glisse, je dirai même à l'équerre. Une bosse, fond de quatrième, on retombe sur deux roues un peu en travers, 20 m plus loin, épingle. Aie 1 Appel, contre-appel et ça repart, l'auto absorbe tous les trous, on est pas trop chahuté, travers gauche-droite et inversement, je regarde le chemin par la fenêtre de la porte. I1 faudra que je dise au service compet' Lada de mettre un essuie-glace sur la porte passager... Dans les petits virolots, le ballet des mains de Pierre sur le volant, le levier de vitesse et le frein à main est impressionnant, l'appareil photo est crépi de boue, le flash se sent mal. Complètement rassuré, j'éclate de rire. Plus que 300 m de montée en lacets, Pierre finit en beauté, l'auto jusqu'au point stop ne sera jamais en ligne, effarant. Je décroche le harnais, je félicite Pierre, heureux et impressionné par son pilotage de maître.
Des travers de 200-300 mètres à cette vitesse, quel régal ! Dis Pierre, on refait un tour ?